Et voilà ! Lancé le 25 décembre comme un cadeau de noël (que je me faisais à moi-même), mon blog voyage a 5 ans ! On dit que les enfants qui grandissent sont les repères du temps qui passent. Je n’ai pas d’enfants, j’ai un blog et c’est aussi un bon marqueur temporel. Les anniversaires et plus encore les fins d’années sont des bons moments pour se retourner et se rendre compte du chemin parcouru. J’avais envie (besoin ?) de faire le bilan de ces cinq ans pour y voir un peu plus clair sur la suite du programme… Il va y avoir du changement !
Avant le blog
Lorsque j’ai lancé les voyages de mat, je sortais fraîchement de l’aventure beGlob (une startup qui voulait devenir le Facebook du voyage) pour laquelle j’avais pas mal voyagé et beaucoup écrit (une dizaine de guides). Toutes les startup ne deviennent pas licorne et beGlob a fini plutôt en sirène qui ne savait pas nager… Gloubgloubgloub.
De cet échec, j’ai tiré la conclusion qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. J’avais envie de faire les voyages qui me ressemblaient. Pas une liste de choses à voir‑à faire qui découpent le voyage en tranches et le transforment en produit prêt à consommer, non. Je voulais raconter les interstices, les rencontres, les ambiances, les lieux pas forcément touristiques… Écrire des récits de voyage, raconter des histoires, donner envie sans donner de recettes. Le contraire des guides en somme.
Mon projet de voyage à travers la diagonale du vide était déjà en place mais pour convaincre des sponsors et trouver des partenaires, il me fallait quelque chose à montrer, un début de semblant d’audience, quelques statistiques sur les réseaux sociaux, des photos… Aujourd’hui, pour convaincre, on fait plus confiance aux chiffres qu’aux idées.
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Les débuts du blog
Dans un premier temps, j’ai nourri le blog de mes voyages passés. Mon tour du monde à vélo (dont je n’ai pas raconté la moitié…), quelques souvenirs marquants de trips en Irlande, le quotidien de ma vie à Berlin… En parallèle, je partageais les préparatifs de ma future traversée de la France. L’itinéraire, ma vision du voyage, ce que j’en attendais…
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Et puis faute de trouver les financements pour cette aventure, j’ai abattu ma dernière carte et lancé une campagne de financement participatif. Un mois de travail acharné pour réunir les 7200€ destinés à financer le montage des portraits que je réaliserais pendant le voyage. Dans la balance, en contrepartie, le livre à écrire à la fin de ce périple. La campagne a été un succès d’estime et une belle solidarité a vu le jour autour du projet. Avec plus d’une centaine de soutiens, j’avais de quoi aller au bout et j’étais trop engagé pour pouvoir me dédire. Il y aurait donc un livre !
Le luxe d’écrire pour ses lecteurs
Pendant un an et demi, j’ai partagé sur les pages de ce blog le quotidien de mon voyage en France à travers la diagonale du vide et j’y ai mis du cœur. D’une part parce que le voyage dépassait mes espérances. D’autre part, parce qu’il s’agissait de la matière première dont le livre serait constitué. Pas de concession aux techniques de référencement qui vous dictent quels mots utiliser et quels sujets traiter, j’écrivais pour le plaisir de raconter mes découvertes à mes lecteurs, présents et futurs. Sur Instagram surtout, je postais aussi peu quotidiennement que possible la photo du jour, parfois sauvé par le manque de réseau ou l’absence de batterie. Je me passe très bien de ces fils à la patte que sont les réseaux sociaux, qui déconnectent votre esprit de l’instant présent.
Et puis il y a eu le retour et l’écriture du livre, un sacré challenge et une très belle aventure. 9 mois, « comme une grossesse ». 9 mois pour digérer ce voyage et essayer de lui donner un sens, une cohérence, comprendre ce que j’étais parti chercher, finalement…
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Le monde de l’auto-édition
J’ai découvert le monde du papier, dont les charmes palpables n’ont rien à envier à ceux du digital, l’auto-édition et le façonnage du livre grâce aux pouvoirs magiques de Manon (qui entre temps est devenue blogueuse elle aussi) et de Kat pour la jolie couverture peinte à la main…
De l’autre côté, le cauchemar de la technique avec la mise en place de la boutique en ligne. Quand le livre est écrit, il faut le vendre ! Mon ami Etienne avait écoulé 10 000 exemplaires de son récit de voyage auto-édité à travers l’Amérique, « À contre-pied », pourquoi pas moi ? Peut-être y avait-il là un petit modèle économique qui me permettrait (enfin) de vivre de mes voyages…
Vendre mon livre… J’avais désormais une bonne raison de promouvoir mon blog. D’auteur, j’ai remis la casquette de webmarketeur, mon milieu « naturel ». J’ai ajouté celle d’attaché de presse, de conférencier et de référenceur, avec des résultats très gratifiants.
Un beau succès d’estime
2000 bouquins vendus, des belles retombées dans les médias, une trentaine de rencontres organisées aux quatre coins de la France en librairie et sur des festivals, des retours très enthousiastes de la part des lecteurs et un trafic sur le blog multiplié par deux… À première vue, tous les feux sont au vert.
Mais la médaille a un revers : même avec 2000 livres vendus, financièrement, c’est très compliqué. À la question « y a‑t-il un modèle économique qui permette de vivre de ses voyages par l’écriture de livres », j’ai la réponse : non. En tout cas, pas encore… En tout cas, pas avec un seul livre. On dit que le premier opus sert à se faire un nom. Je ne sais pas si je me suis fait un nom, mais en attendant le deuxième, il va falloir financer le quotidien…
Tenir un blog, un loisir coûteux ou une source de revenu ?
Aujourd’hui, il me reste encore 1001 voyages passés à raconter et 1001 voyages futurs à vivre. Mais en cinq ans, mon blog est devenu un loisir coûteux. Ai-je envie d’en faire une source de revenus ? De monétiser mon trafic ? Comment et moyennant quels compromis ?
Les 5 ans du blog sont l’occasion de me poser ces questions. Mon récent déménagement à Rome et la vie de famille qui va avec me poussent à faire des choix.
Pour gagner ma vie avec mon blog, il y a 4 façons de faire :
- L’affiliation (toucher une petite commission sur des liens marchands insérés sur mon blog)
- Les articles sponsorisés (écrits/hébergés sur mon blog pour le compte d’annonceurs)
- La production de contenus (textes, photos, vidéos) réalisés pour le compte de destinations et diffusés sur mon/leur blog et mes/leurs réseaux sociaux
- La vente de produits (au hasard, des livres, ou des voyages )
Et un défi majeur : garder mon indépendance éditoriale et faire les voyages qui me ressemblent.
Les travers (et les avantages) du business
Aux blogueurs, on reproche souvent le manque d’impartialité dés lors que le voyage et le contenu produit résultent d’un partenariat rémunéré. La presse, qui propose sur une page l’article parlant de la destination et sur l’autre la publicité en adéquation, fonctionne pourtant de la même manière.
Pour tous les médias se pose la question de l’indépendance. Raconte-t-on la même chose d’un voyage quand c’est la destination qui paye ? Je suis persuadé que non. On ne mord pas la main qui nous nourrit. Pourtant, dans un voyage, il y a aussi des déceptions, des moments difficiles, des rencontres désagréables… Alors ?
Alors les destinations qui dépensent du budget souhaitent apparaître sous leur meilleur jour. Elles mettent donc tout en œuvre pour que le voyage soit aussi réussi que possible. Si tout a été préparé et décidé en bonne intelligence, difficile de rater son voyage et de revenir avec un papier énervé.
Le problème – mon problème – n’est pas là. Il est dans l’organisation.
Les blogueurs en voyage organisé
Je revendique et j’aime diffuser l’idée qu’un voyage ne se résume pas à une succession d’attractions touristiques et de prestations sur mesure. Pour moi, voyager, c’est plus une posture, une certaine disponibilité de l’esprit, une ouverture à l’imprévu.
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Pour cette raison, mes articles sont d’abord des récits de voyage. Ce qui raconte le mieux un pays, un endroit, c’est ce que j’y vis et les rencontres que j’y fais. En suivant et en indiquant des itinéraires clé en main, calibrés par les destinations, je perds cet esprit du voyage spontané que j’aimerais insuffler.
Il va s’agir de trouver le juste compromis entre l’un et l’autre, le pratique d’un côté, le sensible de l’autre. Plus d’infos pratiques, de conseils et de bonnes adresses, c’était justement le souhait exprimé par une partie de mes lecteurs.
Réussir à concilier les deux, sacré challenge !
5 souhaits pour les 5 ans à venir
- Pour les 5 années à venir, je me souhaite de garder intact mon enthousiasme face à la beauté du monde et mon plaisir à le décrire et à le partager. Le son, la photo, l’écriture sont mes passions et ce blog, une manière de les mettre au service de mon autre passion : les voyages.
- Je me souhaite de réussir à développer mon audience en jouant avec les règles de Google et du référencement sans sacrifier ni le style ni l’intérêt des sujets traités.
- Je me souhaite de gagner assez d’argent pour continuer à exercer ce métier dans des conditions confortables, en tout cas plus confortables.
- J’espère aussi réussir à accompagner d’autres voyageurs sur des itinéraires que j’aurais imaginés. Passer moins de temps derrière des écrans et plus sur le terrain, au contact des gens, à partager des choses en direct.
- Enfin, j’espère réaliser encore quelques uns des grands voyages que j’ai en tête et honorer la promesse que j’ai faite à la dernière page de mon livre : « à suivre »…
Il y a du pain sur la planche ! 2020, à nous deux !
Commentaires
Merci à Laurent du blog One Chaï de m’avoir redirigée vers cet article. Je retrouve le voyageur de la diagonale du vide que j’avais découvert dans un podcast. Je partage ton avis sur la question de l’indépendance. Avec une si belle plume, ou plus exactement un si juste choix de touches (mais c’est moins poétique), on ne peut que te souhaiter d’atteindre tes objectifs. Bon anniversaire !
Merci Véro ! Ça fait plaisir que tu te souviennes. Peut-être le podcast était-il celui de Benoît, intitulé « La diagonale du vide » ? Ce serait drôle parce que j’étais chez lui ce week-end !
Merci pour les encouragements. Je ne sais pas si je vais les atteindre, ces objectifs, en tout cas je vais les poursuivre 😉
Bon anniversaire et bonne continuation, en espérant avoir le plaisir de te (re)suivre sur les routes d’ici et d’ailleurs.
Merci Cédric ! Côté anniversaire, on se tient, à quelques jours d’intervalle ! Je compte bien ne pas m’arrêter en si bon chemin 😉 Peut-être même qu’il pourrait y avoir un départ pour un voyage au long cours cet été… Je croise les doigts !
Je parcours ton Blog avec délice et bravo pour la compo, les récits et les photos.
Bon courage pour la suite et vive l’aventure humaine.
Merci Ted 🙂 Après avoir géré les clients pas contents, exigeants et pas toujours intelligents, ton message me fait bien plaisir !
Je vais aller lire chez toi, je vois qu’on a des choses en commun… À bientôt l’ami !