Cap Fréhel, grand site de la Côte d’Émeraude

Du Cap Fréhel à la baie de Saint-Brieuc, road-trip le long de la côte d’émeraude, en suivant l’itinéraire nature du GR34 entre plages, falaises et campings.

Le Cap Fréhel est le site le plus spec­ta­cu­laire des côtes d’Armor et l’un des plus gran­dioses de Bretagne. Falaises verti­gi­neuses, plages de sable fin, camping à la cool… Je découvre les paysages de la presqu’île le long du GR34, le sentier de randonnée qui suit le littoral entre terre et mer, du Cap Fréhel à la baie de Saint Brieuc.

Après huit heures à fond la caisse, les trac­teurs débon­naires m’indiquent que je suis arrivé à desti­na­tion et qu’il est temps de lever le pied. C’est fou comme les auto­routes, avec leur logique hors sol, celle de la vitesse, nous coupent du terri­toire. Le paysage devient une vitrine qui défile comme on ferait les maga­sins, l’air distrait, sans trop savoir ce qu’on est venu chercher.

Arrivé à Lamballe, virages, reliefs et bosquets me replongent dans une réalité physique et géogra­phique. Des maisons au linteau de granit rose et aux volets bleus parsèment la campagne. Des mouettes piquètent les champs de blanc. Le ruban de goudron serpente entre les touffes d’herbe et les bouquets d’arbres jusqu’à Pléhérel-plage. Là, sans crier gare, on tombe sur la route côtière.

50 mètres en contre bas, la mer lèche les sables d’une baie lumi­neuse sous le ciel gris : l’Anse du croc. A l’horizon, les falaises du Cap-Fréhel dispa­raissent dans une brume bleutée. Les cara­vanes posées en désordre sur la dune indiquent le camping du Pont-de‑l’étang où je passerai la nuit.

Camping au Cap Fréhel

En ouvrant la porte, l’odeur capi­teuse des pins et la fraî­cheur humide de cette fin de journée pluvieuse me régé­nèrent jusqu’à la pointe des cheveux. En dehors des piaille­ments des oiseaux qu’on distingue dans l’air limpide, l’ambiance est ouatée. Le sable de la dune atténue la rumeur de l’océan.

Au camping – le plus grand camping muni­cipal de France ! Trente hectares de dunes et de pins avec vue impre­nable sur la plage de sable – il n’y a pas foule en ce début mai. La surface des parcelles évite de toute façon toute promis­cuité gênante. Au milieu des lapins maîtres des lieux – le site est classé natura 2000, on est loin des parcs aqua­tiques et des piscines couvertes -, je dormirai sur mes deux oreilles.

Grands sites de la côte d'émeraude - La plage de l'anse du Croc

Cap-Fréhel, grand site d’exception

Le GR34 qui traverse le camping rejoint à l’ouest les plages de Sables d’or les pins jusqu’à la petite station balnéaire d’Erquy et son port de pêche. À l’est, les falaises spec­ta­cu­laires du Cap-Fréhel ne sont qu’à quelques kilo­mètres. Je me lance à pied sur cet ancien chemin des doua­niers. Des criques sableuses se cachent au creux des falaises escar­pées de la côte d’Émeraude. Depuis les rochers, vues sublimes sur toute la côte.

Le cancan des mouettes se mêle au murmure de la mer, les rides géomé­triques de la roche tranchent sur le blanc de l’écume, les genêts en fleurs éclatent sur le vert de la lande… La nature autour du cap Fréhel vaut vrai­ment le détour. En guise de fanion d’arrivée, la lanterne du phare du Cap qui dépasse de la lande et grandit au fil du chemin.

L’autre star de la presqu’île, le fort Lalatte, est à une heure et demi à pied. La gardienne du parking (fort accent québe­cois, je m’imagine qu’elle a du tomber amou­reuse du lieu pour venir de si loin) me recom­mande la balade pour ses eaux turquoises qui justifie le nom de « côté d’Émeraude ». Mais j’ai une signa­ture l’après-midi, ce sera pour une autre fois. À Fréhel bourg, je fais le plein de calo­ries : Kouign-Aman (farine de blé, sucre, beurre), tarte bretonne (pâte sablé, crème caramel au beurre salé + mousse caramel au beurre salé)… Penser à faire plus léger pour les repas suivants !

Grands sites de la côte d'émeraude - Cap Fréhel

Parler breton à Saint Brieuc

À la librairie le pain des rêves de Saint-Brieuc, faute d’affluence, je profite des requêtes des clients pour m’initier à la culture bretonne.

Un malheu­reux prati­quant du galo – la langue romane de Haute Bretagne, distincte du breton – vient s’enquérir d’une méthode de léonard – parlé dans le Léon et consi­déré comme le Breton litté­raire – et me voilà plongé dans les parti­cu­la­rismes régio­naux, les 9 pays bretons… Je découvre que les étapes de mon road-trip à venir corres­pondent chacune à une ancienne province de Bretagne : Pays de Saint-Brieuc, Trégor, Léon, pays bigouden, Vanne­tais… Je suis ravi.

Origi­naire de la Bretagne inté­rieure, Marie-Gabrielle, la libraire, me parle du divorce entre la côte bretonne et l’intérieur des terres. Sa belle-soeur, installée à Trémargat, anime le ch’ty coz – la petite maison – un café brocante à l’esprit alter­natif, qui se reven­dique avec humour « centre du monde magique ». Auto­ges­tion et coopé­ra­tion semblent régir les envi­rons depuis déjà quelques années. Il aurait à coup sûr trouvé sa place dans la diago­nale du vide.

Grands sites de la côte d'émeraude - Le Gwen ha du flotte sur le Cap Fréhel

Un client s’immisce dans la conversation :

« Moi, j’avais une maison à Locarn, à quelques kilo­mètres. J’ai eu un coup de coeur pour ce village. Mais mes enfants n’y allaient pas parce qu’il n’y a pas la mer… J’ai fini par revendre ! Bon ! Alors vous voulez que je vous achète votre livre, c’est ça ? »

Il le prend en me dictant la dédi­cace souhaitée : 

« Pour …, que j’ai eu la chance de rencon­trer, avec tous mes remer­cie­ments pour cet échange fructueux. »

L’échange n’était pas si fruc­tueux que ça et je n’ai pas l’habitude qu’on me dicte mes dédi­caces… Je rame un peu pour trouver quelque chose d’original, de convain­cant et de sympathique.

Grands sites de la côte d'émeraude - La baie de Saint-Brieuc

La baie de Saint-Brieuc

Depuis la pointe du Rose­lier, la vue sur la baie de Saint-Brieuc est gran­diose. Marie-Gabrielle m’a recom­mandé la balade, l’une de ses préfé­rées, pour assister au coucher du soleil. De l’autre côté de la baie, plein feux sur le Cap d’Erquy et les petits villages de la côte Penthièvre.

La mer est basse et des morceaux de ciel clair se mêlent dans les sables humides et sombres. La baie de Saint-Brieuc est la cinquième au monde pour l’amplitude de ses marées. La silhouette minus­cule d’un prome­neur en quête de coquillages donne la mesure du vide laissé par l’eau qui se retire. Un cime­tière dédie son monu­ment aux marins qui ont péri en mer. Au delà de la clôture, le vent souffle douce­ment sur les herbes folles. Il règne une drôle d’atmo­sphère un peu mélan­co­lique.

De l’autre côte, les falaises entre­cou­pées de plages rougissent à la lumière du soleil couchant. Les pêcheurs quittent les lieux musette à la main, remplacés par les amis et les amou­reux pour un pique-nique avec vue. Quelle bonne idée !

Huîtres, algues et réserves natu­relles… La suite de ce road-trip en Bretagne sur l’extraordinaire sillon de Talbert.

Le voyage en Bretagne continue ici : 

Le livre d’un voyage exotique en France

Peut-on faire un voyage exotique dans son propre pays ? Pour y répondre, j’ai traversé la France à pied à travers la diago­nale du vide.

Sur la même thématique

Commentaires

Oui. Je n’y avais jamais mis les pieds avant de marcher de Vitré à Saint-Cast le Guildo. Une parfaite intro égale­ment à la Bretagne. La prochaine étape ira vers Saint-Brieuc, le sillon de Talbert, etc. mais sûre­ment après l’hiver.

Merci Anne 🙂 Oui tu ne seras pas déçue. Parmi les incon­tour­nables, il y a aussi Bréhat qui est une perle, de l’autre côté de la baie de Saint-Brieuc. Et le fort la late qu’on voit sur toutes les brochures touris­tiques… Bonne découverte !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

90 Partages
Partagez76
Enregistrer14
Tweetez