Le Cap Fréhel est le site le plus spectaculaire des côtes d’Armor et l’un des plus grandioses de Bretagne. Falaises vertigineuses, plages de sable fin, camping à la cool… Je découvre les paysages de la presqu’île le long du GR34, le sentier de randonnée qui suit le littoral entre terre et mer, du Cap Fréhel à la baie de Saint Brieuc.
Après huit heures à fond la caisse, les tracteurs débonnaires m’indiquent que je suis arrivé à destination et qu’il est temps de lever le pied. C’est fou comme les autoroutes, avec leur logique hors sol, celle de la vitesse, nous coupent du territoire. Le paysage devient une vitrine qui défile comme on ferait les magasins, l’air distrait, sans trop savoir ce qu’on est venu chercher.
Arrivé à Lamballe, virages, reliefs et bosquets me replongent dans une réalité physique et géographique. Des maisons au linteau de granit rose et aux volets bleus parsèment la campagne. Des mouettes piquètent les champs de blanc. Le ruban de goudron serpente entre les touffes d’herbe et les bouquets d’arbres jusqu’à Pléhérel-plage. Là, sans crier gare, on tombe sur la route côtière.
50 mètres en contre bas, la mer lèche les sables d’une baie lumineuse sous le ciel gris : l’Anse du croc. A l’horizon, les falaises du Cap-Fréhel disparaissent dans une brume bleutée. Les caravanes posées en désordre sur la dune indiquent le camping du Pont-de‑l’étang où je passerai la nuit.
Camping au Cap Fréhel
En ouvrant la porte, l’odeur capiteuse des pins et la fraîcheur humide de cette fin de journée pluvieuse me régénèrent jusqu’à la pointe des cheveux. En dehors des piaillements des oiseaux qu’on distingue dans l’air limpide, l’ambiance est ouatée. Le sable de la dune atténue la rumeur de l’océan.
Au camping – le plus grand camping municipal de France ! Trente hectares de dunes et de pins avec vue imprenable sur la plage de sable – il n’y a pas foule en ce début mai. La surface des parcelles évite de toute façon toute promiscuité gênante. Au milieu des lapins maîtres des lieux – le site est classé natura 2000, on est loin des parcs aquatiques et des piscines couvertes -, je dormirai sur mes deux oreilles.
Camping du Pont de l’étang
Situé sur la commune de Fréhel, le camping du pont de l’étang est ouvert six mois de l’année, du 1er avril au 30 septembre. 900 emplacements arborés disponibles sans réservation, prisés surtout pour le calme et la vue sur la mer. À mi-chemin entre la station de sables d’or les pins et le Cap Fréhel, c’est un petit paradis en bord de mer pour des vacances camping en Bretagne, loin des villages vacances-bungalows-piscine-toboggan-tout-compris.
Adresse : Boulevard de la Manche – Pléhérel-plage, 22240 Fréhel
Tarifs : pleine saison par nuit : pers. (+de 7ans) 4€, caravane ou tente 2,85€, voiture 2,50€, moto 1,40€, camping-car 5,30€
Tél : +33 (0)2 96 41 40 45
Mel : camping-municipal.frehel@orange.fr
Web : camping-frehel.fr
Cap-Fréhel, grand site d’exception
Le GR34 qui traverse le camping rejoint à l’ouest les plages de Sables d’or les pins jusqu’à la petite station balnéaire d’Erquy et son port de pêche. À l’est, les falaises spectaculaires du Cap-Fréhel ne sont qu’à quelques kilomètres. Je me lance à pied sur cet ancien chemin des douaniers. Des criques sableuses se cachent au creux des falaises escarpées de la côte d’Émeraude. Depuis les rochers, vues sublimes sur toute la côte.
Le cancan des mouettes se mêle au murmure de la mer, les rides géométriques de la roche tranchent sur le blanc de l’écume, les genêts en fleurs éclatent sur le vert de la lande… La nature autour du cap Fréhel vaut vraiment le détour. En guise de fanion d’arrivée, la lanterne du phare du Cap qui dépasse de la lande et grandit au fil du chemin.
L’autre star de la presqu’île, le fort Lalatte, est à une heure et demi à pied. La gardienne du parking (fort accent québecois, je m’imagine qu’elle a du tomber amoureuse du lieu pour venir de si loin) me recommande la balade pour ses eaux turquoises qui justifie le nom de « côté d’Émeraude ». Mais j’ai une signature l’après-midi, ce sera pour une autre fois. À Fréhel bourg, je fais le plein de calories : Kouign-Aman (farine de blé, sucre, beurre), tarte bretonne (pâte sablé, crème caramel au beurre salé + mousse caramel au beurre salé)… Penser à faire plus léger pour les repas suivants !
Balade nature au Cap-Fréhel
Sur le Grand Site Cap d’Erquy-Cap Fréhel, le GR34 relie les deux caps par un sentier au plus proche de la mer où les paysages plus grandioses les uns que les autres se succèdent. Compter une (magnifique) journée pour faire le tour du Cap-Fréhel à pied.
Un itinéraire permet également de rejoindre le cap Fréhel en vélo. Il s’agit d’un tronçon de l’eurovélo route 4, appelée aussi la vélo maritime.
Adresse : Grand Site Cap d’Erquy – Cap Fréhel
16 rue Notre Dame, 22240 Plévenon
Tél : +33 (0)2 96 41 50 83
Web : grandsite-capserquyfrehel.com
La réserve ornithologique du Cap-Fréhel
Pour les oiseaux, les falaises inaccessibles du Cap Fréhel sont un lieu de reproduction idéal. Pour les visiteurs et les ornithologues, c’est l’occasion d’admirer des espèces hauturières telles que le fulmar boréal, le guillemot de Troïl ou le Pingouins Torda, habituellement en mer, qui viennent exceptionnellement nicher. D’autres espèces plus familières comme les goélands, mouettes et cormorans peuplent le Cap Fréhel.
Pour les préserver des 1,6 millions de visiteurs qui visitent chaque année le grand site Cap d’Erquy – Cap Fréhel, la réserve ornithologique et la classification en site natura 2000 visent à maintenir l’équilibre de ce site naturel unique. Des sentiers balisés canalisent les randonneurs et organisent la cohabitation. Pour un tourisme durable et respectueux de l’environnement, suivez les panneaux et respectez les sentiers !
Parler breton à Saint Brieuc
À la librairie le pain des rêves de Saint-Brieuc, faute d’affluence, je profite des requêtes des clients pour m’initier à la culture bretonne.
Un malheureux pratiquant du galo – la langue romane de Haute Bretagne, distincte du breton – vient s’enquérir d’une méthode de léonard – parlé dans le Léon et considéré comme le Breton littéraire – et me voilà plongé dans les particularismes régionaux, les 9 pays bretons… Je découvre que les étapes de mon road-trip à venir correspondent chacune à une ancienne province de Bretagne : Pays de Saint-Brieuc, Trégor, Léon, pays bigouden, Vannetais… Je suis ravi.
Originaire de la Bretagne intérieure, Marie-Gabrielle, la libraire, me parle du divorce entre la côte bretonne et l’intérieur des terres. Sa belle-soeur, installée à Trémargat, anime le ch’ty coz – la petite maison – un café brocante à l’esprit alternatif, qui se revendique avec humour « centre du monde magique ». Autogestion et coopération semblent régir les environs depuis déjà quelques années. Il aurait à coup sûr trouvé sa place dans la diagonale du vide.
Armor et Argoat
Les Bretons opposent souvent l’armor, le littoral, près de la mer et l’argoat, l’intérieur, le pays des forêts. « L’Armor c’est les mouettes, l’Argoat c’est les vaches. Les vaches sont celles des deux qui ne volent pas. Quand ça sent la bouse, c’est l’Argoat, quand ça sent le poisson, c’est l’Armor. » Pourtant, rien n’est plus ténu et indéfinissable que la frontière qui les sépare…
En savoir plus sur armor et argoat
Un client s’immisce dans la conversation :
« Moi, j’avais une maison à Locarn, à quelques kilomètres. J’ai eu un coup de coeur pour ce village. Mais mes enfants n’y allaient pas parce qu’il n’y a pas la mer… J’ai fini par revendre ! Bon ! Alors vous voulez que je vous achète votre livre, c’est ça ? »
Il le prend en me dictant la dédicace souhaitée :
« Pour …, que j’ai eu la chance de rencontrer, avec tous mes remerciements pour cet échange fructueux. »
L’échange n’était pas si fructueux que ça et je n’ai pas l’habitude qu’on me dicte mes dédicaces… Je rame un peu pour trouver quelque chose d’original, de convaincant et de sympathique.
La baie de Saint-Brieuc
Depuis la pointe du Roselier, la vue sur la baie de Saint-Brieuc est grandiose. Marie-Gabrielle m’a recommandé la balade, l’une de ses préférées, pour assister au coucher du soleil. De l’autre côté de la baie, plein feux sur le Cap d’Erquy et les petits villages de la côte Penthièvre.
La mer est basse et des morceaux de ciel clair se mêlent dans les sables humides et sombres. La baie de Saint-Brieuc est la cinquième au monde pour l’amplitude de ses marées. La silhouette minuscule d’un promeneur en quête de coquillages donne la mesure du vide laissé par l’eau qui se retire. Un cimetière dédie son monument aux marins qui ont péri en mer. Au delà de la clôture, le vent souffle doucement sur les herbes folles. Il règne une drôle d’atmosphère un peu mélancolique.
De l’autre côte, les falaises entrecoupées de plages rougissent à la lumière du soleil couchant. Les pêcheurs quittent les lieux musette à la main, remplacés par les amis et les amoureux pour un pique-nique avec vue. Quelle bonne idée !
Huîtres, algues et réserves naturelles… La suite de ce road-trip en Bretagne sur l’extraordinaire sillon de Talbert.
Commentaires
Très bel article Mat 😉
Merci Claudia 🙂 Tu connais le coin ? Pour moi, c’était une introduction parfaite à ce roadtrip en Bretagne !
Oui. Je n’y avais jamais mis les pieds avant de marcher de Vitré à Saint-Cast le Guildo. Une parfaite intro également à la Bretagne. La prochaine étape ira vers Saint-Brieuc, le sillon de Talbert, etc. mais sûrement après l’hiver.
Ça me donne très envie d’y aller ! Je ne connais pas du tout les Côtés d’Armor, une partie de ma famille était du Morbihan. Je me note le Cap Fréhel, la réserve ornithologique également ! 😀
Merci Anne 🙂 Oui tu ne seras pas déçue. Parmi les incontournables, il y a aussi Bréhat qui est une perle, de l’autre côté de la baie de Saint-Brieuc. Et le fort la late qu’on voit sur toutes les brochures touristiques… Bonne découverte !
Joli blog je vous félicite