Slow travel : ça change quoi de voyager lentement ?

Qu’est-ce que le slow travel ? Pour­quoi voyager lente­ment ? Qu’est-ce que ça change ? Quels béné­fices pour vous ? Quel impact sur le tourisme ? Et sur l’en­vi­ron­ne­ment ? En 5 ques­tions, décou­vrez 5 bonnes raisons d’adopter le slow travel.

Le slow travel prend le tourisme à contre­pied. Il prône un autre rapport au temps, loin des to-do listes et des séjours menés tambour battant. À l’heure de l’instantanéité, qu’est-ce qui séduit dans cette manière de voyager autre­ment ? Adepte de ce type de voyage alter­natif depuis vingt ans, voici quelques-uns des trucs qui, pour moi, font de cet art de la lenteur la meilleure des philo­so­phies de voyage.

Cela fera bientôt vingt ans que je voyage, depuis mon premier échange univer­si­taire au Maroc, en 1998 ! Vingt ans à expé­ri­menter diffé­rentes manières de voyager. Vingt ans à ralentir aussi. Trouver le rythme qui me conve­nait, ce rythme lent du slow travel, m’a pris du temps.

Vingt ans pour ralentir

Lorsque je l’ai lancé, l’esprit de mon blog de voyage tenait en trois phrases :

L’herbe n’est pas plus verte ailleurs

Les rencontres sont le sel du voyage

Respect est un mot qui rassemble

Mes carnets de voyage se voulaient exotiques, authen­tiques et durables. Trois mots galvaudés, récu­pérés et vidés de leur substance par les équipes marke­ting des agences de voyage. Ils n’en ont pas perdu leur sens pour autant.

Aujourd’hui encore, je reven­dique des voyages qui laissent de la place au hasard et à l’inconnu, loin des itiné­raires tout tracés. Une manière de dire : « regardez, tout est là, il suffit de se lancer pour que, comme par magie, tout vienne à vous. »

Pour cette raison, j’ai toujours préféré le format des récits de voyage qui donnent (je l’espère) envie de partir aux guides qui proposent des recettes toutes faites. Les plus beaux voyages sont ceux auxquels on ne s’attend pas, qui vous surprennent et vous portent comme on surfe une vague. Mon meilleur (et seul) conseil a long­temps été : N’oubliez pas de vous perdre en voyage.

Beau­coup de l’esprit du slow travel tient dans cette phrase.

Slow travel - L'art de se perdre en voyage pour mieux se retrouver

Qu’est-ce que le slow travel ?

Le slow travel est une manière de voyager diffé­rem­ment. Il met l’accent sur la manière, juste­ment, plus que sur la desti­na­tion elle-même. Voir moins, peut-être, mais voir mieux.

Il ralentit le rythme du voya­geur pressé qui ne pense qu’à arriver. Pour lui, le trajet en voiture, en train, en avion n’est qu’une paren­thèse entre deux étapes du voyage. Il est déjà dans l’attente de la suite du programme. Il relit ses notes, anti­cipe, il sait déjà ce qu’il a envie de voir et de faire. Ses jour­nées de vacances sont à l’image de son agenda : overbookées.

Pour le slow traveler, au contraire, la desti­na­tion n’est que le sque­lette du voyage. Le trajet, voilà la chair qui lui donnera corps. Qui sait ce qui peut arriver en chemin ?

Pourquoi voyager lentement ?

Vous avez déjà essayé de vous arrêter en voiture pour prendre une photo ou parler avec quelqu’un sur le bord de la route ? Proba­ble­ment, vous avez vite aban­donné l’idée… Le temps qu’elle fasse son chemin, vous étiez déjà loin. En voya­geant à toute vitesse, on ne s’arrête pas. On privi­légie la desti­na­tion.

Le slow travel redonne au contraire une place au dépla­ce­ment dans le voyage. À vélo ou à pied, votre rapport avec le terrain change. Vous n’empruntez pas les mêmes itiné­raires, vous ne voyez pas les mêmes choses. Vous êtes tota­le­ment immergé dans votre envi­ron­ne­ment, vous sentez les odeurs de la nature, vous entendez le vent dans les feuilles, vous ressentez la pente, la terre sous vos pieds… Le rapport avec le terrain est physique, se déplacer n’est pas anodin.

« Le vrai voyage, c’est d’y aller. Une fois arrivé, le voyage est fini. Aujourd’hui les gens commencent par la fin.” 

Hugo Verlomme

Slow travel - Traverser la Meuse hors des sentiers battus

Voyager lentement, ça change quoi ?

Le slow travel change la manière dont on appré­hende une desti­na­tion. Il en offre une vision peut-être moins exhaus­tive mais plus en profon­deur. Il ne s’agit pas de tout voir mais de voir mieux.

En prenant le temps de se plonger dans le quoti­dien d’un endroit, on le découvre autre­ment, on ressent mieux ce qu’il s’y passe, on se laisse plus guider par ses percep­tions et ses envies que par les panneaux qui indiquent les « points d’intérêt » choisis pour vous. Passez donc une matinée en terrasse à boire un café en bavar­dant avec les gens du coin ou à regarder simple­ment la vie suivre son cours. Vous en appren­drez beau­coup sur l’endroit où vous êtes et vous vous ferez peut-être quelques amis.

Avec le slow travel, le temps que l’on prend donne de l’épaisseur au moment vécu. C’est un voyage moins céré­bral, plus immersif.

Faire son propre voyage

S’ouvrir à la lenteur, c’est se rendre dispo­nible à l’imprévu et aux rencontres. Pour moi, tout le charme du slow travel est là. Se perdre, arrêter de prévoir et prendre ce qui vient sur la route. Je n’ai jamais été déçu par ce type de voyage qui donne le senti­ment de faire SON propre voyage, de tisser un lien parti­cu­lier, personnel, avec le pays ou la ville où l’on se trouve.

Vivre des expé­riences qui nous enri­chissent, agran­dissent un peu notre vision du monde, ouvrent des fenêtres sur des réalités auxquelles nous n’avions pas accès, pas même conscience, n’est-ce pas ce pour quoi nous voyageons ?

Vivre la vie d’un milliar­daire en Mauri­tanie, rencon­trer un chaman dans le Gers, partir à la pêche au homard en Irlande, faire du bateau-stop dans la Meuse, assister à une céré­monie des masques au Sénégal… Je n’aurais pas vécu ces moments-là si je m’étais contenté de suivre les panneaux indi­ca­teurs. Je les ai trouvés au bord de la route, au détour d’une conver­sa­tion, sur le coin d’un bar.

Slow travel : quels bénéfices ?

Au-delà du plaisir qu’il procure, le slow travel a des consé­quences plus larges. On peut vrai­ment parler de tourisme durable.

Sur le porte-monnaie, l’impact est consi­dé­rable. Les coûts prin­ci­paux d’un voyage étant le loge­ment et le trans­port, il est bien plus facile de déni­cher des billets à moindre coût si rien ne presse. Les prix peuvent varier du simple au double d’un jour à l’autre. Côté loge­ment, rien de plus écono­mique que d’emmener sa tente. En ville, le couch­sur­fing permet de surfer gratui­te­ment sur le canapé de vos hôtes et de faire des rencontres. Pour les cyclo-randon­neurs, le réseau des warm­sho­wers offre des nuitées gratuites chez l’habitant. Les curieux d’agritourisme peuvent échanger leur bras contre le gîte et le couvert en prati­quant le wwwwoofing.

Slow travel - Un remède à la disneylandisation du monde

Sur la desti­na­tion, le slow-travel soulage la charge. Le tourisme de masse crée du ressen­ti­ment parmi les popu­la­tions les plus expo­sées. Après Berlin, Barce­lone, c’est récem­ment Lisbonne qui s’insurgeait contre les excès du tourisme et ses effets pervers sur la vie des habi­tants. Kao San road à Bangkok, Temple bar à Dublin, quar­tier rouge à Amsterdam… Partout, la disney­lan­di­sa­tion du monde est à l’œuvre. En privi­lé­giant la rencontre aux compor­te­ments consu­mé­ristes, en évitant la concen­tra­tion touris­tique sur les mêmes lieux, en répar­tis­sant les voya­geurs sur des terri­toires moins exposés, le slow travel propose une alternative.

Sur l’environnement enfin, les effets posi­tifs du slow tourisme sont parti­cu­liè­re­ment sensibles. L’impact envi­ron­ne­mental d’un voyage tient d’abord au mode de trans­port utilisé, avec l’avion comme prin­cipal respon­sable. Partir moins loin, utiliser les trans­ports communs et idéa­le­ment, se passer de véhi­cule est la meilleure des solu­tions pour ne pas faire exploser son bilan carbone. Le duo gagnant pour ceux qui souhaitent quand même faire des kilo­mètres : asso­cier le train au vélo.

Dans son roman Tout le monde est occupé, Chris­tian Bobin écrit :

« le bout du monde et le fond du jardin contiennent la même quan­tité de merveilles »

Chris­tian Bobin

À vous de faire votre propre expé­rience. Pour ma part, vingt ans de voyage autour du monde et une traversée de la France à pied m’ont convaincu. Je vous emmène ?

Le livre d’un voyage exotique en France

Peut-on faire un voyage exotique dans son propre pays ? Pour y répondre, j’ai traversé la France à pied à travers la diago­nale du vide.

Commentaires

Merci pour ce bel article qui corres­pond tout à fait à notre état d’esprit ! Nous voya­geons lente­ment, mais sûre­ment ! Parfois, on ne va pas dans les lieux insta­gram­mables, consom­mables mais tout de même magni­fiques. Non pas parce qu’ils nous déplaisent mais parce que le tourisme de masse nous écœure complè­te­ment. On a réalisé, tout comme toi, que les gens en vacances étaient parfois stressés, prêts à exploser, agacés, car ils partaient sur un objectif « tout voir, tout faire et vite ». Tout autant que les locaux, envahis et oppressés par cette inva­sion. Le slow travel apporte sa dose de calme et de séré­nité qui permet d’aller plus loin, et de profiter de chaque moment !

Hello les entrepreneurs 😉
Oui moi aussi je suis un peu écoeuré… Lors de ma traversée de la France, je suis passé dans des endroits comme le parc naturel des monts du Cantal où je ne croi­sais personne – per-sonne – et puis soudain, parce qu’un label avait été apposé et que les guides parlaient de l’en­droit (le Puy Mary, label­lisé Grand site de France), je me retrou­vais avec des hordes de visi­teurs tous emboîtés les uns dans les autres… Absurde !
Et… quand vous parlez de lieu insta­gram­mable… Vous parlez de lieux qu’on retrouve partout sur Insta­gram, c’est ça ? Parce que moi j’ai croisé un paquet de lieux magni­fiques qui n’étaient pas sur Insta­gram et qui n’en étaient pas moins instagrammable 😉
Bonne route les cyclistes !

Bonjour,
C’est un mode de voyage qu’on a adopté aux dernières vacances. Partir près de chez nous, en vélo. Certes, de retour au travail, on n’a pas fait briller les yeux des collègues au jeu de celui qui part le plus loin, mais pour nous l’ex­pé­rience était pour­tant tout aussi belle ! On s’est laissé guider au gré de nos envies, de la météo, parfois ;).
Le seul point frus­trant… est d’avoir une date limite pour reprendre le travail, alors qu’on aurait bien continué, été plus loin, histoire de se dépasser, d’en apprendre un peu plus. 😉 Je ne sais pas si on a trouvé le mode de voyage dans lequel on se sent le mieux, mais on s’en approche.
On le décou­vrira lors d’un prochain voyage au long cours je l’espère !
Merci pour ce bel article qui retrans­crit parfai­te­ment mon ressenti.

Salut Géral­dine ! Ça fait plaisir de voir qu’on partage le même état d’es­prit 🙂 Avoir trouvé son mode de voyage, c’est déjà une victoire, je trouve ! C’est vrai que le temps limité est toujours source de frus­tra­tion et c’est souvent ce qui nous pousse à courir. J’es­père aussi que vous saurez créer l’oc­ca­sion pour un voyage un peu plus dans la durée. Rien de tel pour vrai­ment se sentir à l’aise et prendre le temps de se laisser porter. Bon voyage alors 😉

Je découvre ton blog par cet article et c’est rigolo de mettre un mot sur une façon de voyager. 🙂 je le fais tout à fait incons­ciem­ment. Durant ce voyage au long cours que j’ai entre­pris il y a main­te­nant 7 mois. Un mix entre slow travel et impé­ratif de voyage de temps en temps. Et les rencontres avec les touristes ont aussi parfois du bon. J’ai vecu quelques moments de voyage inté­res­sant notam­ment à Mada­gascar. Je les raconte aussi un peu car ça permet parfois de donner aussi du sens à ce que l’on vit. Si jamais tu souhaites y faire un tour… je ne fais jamais de « pub » pour ça ahah c’est plus un blog fami­liale dirais je. Mais ca te rappel­lera peut être certaine chose. Je vais parcourir ton blog. J’ai le temps ! Slow travel… je suis actuel­le­ment dans un bus direc­tion embi­li­tiya au Sri Lanka.
À bientôt
Claire

Merci pour cet article inspi­rant qui me conforte dans ma manière de voyager douce­ment mais sûre­ment ! Souvent j’ex­plique aux gens qu’on croise pour­quoi on ne loue pas de scooter pour visiter, que l’im­por­tant ce n’est pas d’en voir un max à tout prix… parfois mes expli­ca­tions font écho, parfois je me prends un vent terrible. Peu importe. J’au­rais beau­coup de mal à revenir à un rythme plus rapide pour voyager…

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