Abordage de pirates au carnaval de Dunkerque

Au carnaval de Dunkerque, la foule dense des carna­va­leux progresse au son du tambour major… A cor et à cris, les descen­dants des pirates sont de sortie.

Une foule dense, accro­chée coude à coude, progresse tant bien que mal au son du tambour major… De la viande saoûle qui festoie depuis des jours – pour certains, depuis des semaines. C’est la bande de Dunkerque qui clôtu­rera ce soir 4 jours de bals par celui « des acharnés ».

Maquillé comme une voiture volée, j’arbore chapeau à fleurs, perruque, manteaux de four­rure, boa et bas résilles. L’uniforme du carnaval de Dunkerque se décline sur tous les tons, surtout s’ils ne vont pas ensemble. De la couleur, voilà le maître-mot.

Carnaval de Dunkerque - parapluies et pavillon pirate

Le carnaval de Dunkerque, trois mois de chahut

A Dunkerque, le carnaval est une insti­tu­tion. Si les 3 joyeuses, dimanche, lundi et mardi gras, sont le point culmi­nant des festi­vités, les premiers bals et les premières bandes ont lieu depuis début janvier.

Celle qui défile à Dunkerque a des allures de flibuste. Elle entonne à plein poumon des chan­sons qui parlent de marins, de retours hypo­thé­tiques et de gaudrioles, comme dans « putain d’Islande ».

Depuis trois jours, t’es déguisé, t’es maquillé et t’as pico­léTe v’là asteur, su’l’point d’partir
Cap sur l’Islande
Mort aux flétans !

Tu vas laisser femme et enfants
Et p’t’êt’ mourir là-bas su’ les bancs
Pou’ des morues ou des z’harengs
Va dans la bande, pense qu’au présent.

Juste­ment, moi, c’est au présent que je vais mourir… Les rangs sont serrés, les chahuts effrénés. Pour avoir une chance de survivre, comme dans un banc de poisson, il faut s’arrimer à ses voisins. Bras dessus- bras dessous, le filet humain dérive dans les rues au son du tambour-major. Progres­si­ve­ment, les lignes de carna­va­leux se muent en vagues de pirates qui montent à l’assaut à cor et à cris.

Carnaval de Dunkerque - la flibuste
Carnaval de Dunkerque - le maquillage tape à l'oeil des carnavaleux

Dans la ferveur de la bande de Dunkerque

L’ennemi ? La fatigue. Dans la foule compacte, le souffle est court. Par moments, mes pieds ne touchent plus terre. Les rangs de devant me labourent les tibias, ceux de derrière m’enfoncent les côtes. Face à l’adversité, les compa­gnons d’infortune font corps dans la ferveur des chants grivois et la frater­nité de la bande… Les carna­va­leux sont les pirates d’un jour. Jouis­seurs, braillards, solidaires…

Dunkerque célèbre son héros Jean Bart, corsaire du XVIIème siècle et terreur des mers. Mais la bande perpétue aussi une tradi­tion : celle des cortèges de marins arro­sant leurs derniers jours à terre. Des expé­di­tions de pêche à la morue, tous ne reve­naient pas.

L’épreuve du rigodon final

Place Jean Bart, la foule s’amasse pour le rigodon final. C’est le point d’orgue de l’événement. Une heure de bande. C’est long, une heure de bande… Très long… Dans la cohue, j’étouffe.

Je tente une sortie. Chute. Chaos. Cris. Sursaut. Je m’extirpe de cette soupe de bras, de jambes, de corps enche­vê­trés. Je suis dehors ! Respirer, enfin.

Alors que je me remets de mes émotions reten­tissent les premières mesures de l’hymne à cô-pinard. Main dans la main, les carna­va­leux rendent hommage au célèbre tambour-major, incar­na­tion vivante de l’esprit du carnaval de Dunkerque, dont on disait « qu’il se rentre tôt, qu’il se rentre tard, il boit toujours son verre d’pinard ».

Salut à Cô-Pinard,
salut à ta mémoire.
Là-haut, tout près d’Jean Bart,
c’est ta gloire,
Tant d’années à nous guider,
tant de masques à aimer,
A c’t’heur’ nous voilà tous en pleurs.

Le livre d’un voyage exotique en France

Peut-on faire un voyage exotique dans son propre pays ? Pour y répondre, j’ai traversé la France à pied à travers la diago­nale du vide.

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Commentaires

Ben on t’en­tend mais on te voit pas :(… Elle est où ta photo avec ton maquillage de voiture volée et ton chapeau ?
Belles photos 🙂

Merci Adeline 🙂
Ah les selfies… C’est vrai­ment pas ma tasse de thé.
Je préfère montrer ce qui se passe dans la rue ! Déjà, qu’on m’en­tende, ça tient du quasi-miracle…

Excellent Mat ! Merci pour cette immer­sion carna­va­lesque. Et ces photos de sourires maquillés, tu imagines bien que j’adore 😉 Si tu as envie de mettre un peu de couleurs sur Sourires Nomades hésite pas lol. D’ailleurs je crois qu’il n’y a pas encore eu de sourires « Made in France ». A toute.

Hello Charly ! Oui ça sourit pas mal à Dunkerque durant le carnaval (bon un peu moins durant le rigaudon final…)
Je veux bien partager quelques uns des sourires que j’ai dans ma besace. Ca se passe comment ? Tu m’ex­pliques par mail à mathieu@lesvoyagesdemat.com ?

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