Après trois semaines étouffantes en Inde, la vallée de Katmandou est une bouffée d’air frais dans le voyage. À 1300 mètres d’altitude, la capitale du Népal nous offre un repos bien mérité, entre traditions boudhistes et nostalgie hippie.
Installé dans une petite pension du quartier de Thamel, nous savourons cette pause dans le voyage. La ville moins bruyante, les rues moins peuplées, les gens moins curieux… Tout est plus calme ici. Après l’enfer de l’Inde à vélo, nous sommes sur un nuage.
Balade dans Thamel
Les petites rues de Thamel regorgent d’échoppes, d’enseignes peintes à la main, de temples, de cloches qu’on fait tinter, de stuppas décorées de drapeaux multicolores… Des petites bougies ornent les innombrables statuettes à l’effigie de Ganesh, le dieu à tête d’éléphant. Les fumées d’encens donnent une atmosphère toute empreinte de spiritualité. La religion est présente à tous les carrefours.
En suivant la pente naturelle, on débouche rapidement sur Durbar square, le centre historique de la ville, cerné de temples en bois aux motifs sculptés. Des sadhus prennent la pause pour quelques centimes.
La présence de l’hindouisme et du bouddhisme attira bon nombre d’occidentaux jusqu’à Katmandou dans les années soixante-dix. Le voyage se voulait initiatique.
Katmandou hippie
La drogue, en vente libre à l’époque, faisait partie de cette quête spirituelle. On venait se dénouer les chakras, ressourcer son karma et s’initier au psychédélisme à travers le haschich, le LSD et l’héroïne.
Pour tous les chevelus de l’occident fuyant le matérialisme de la société de consommation, Katmandou fut la Mecque d’une époque. De ces années hippies, il reste la freak street, les revendeurs de haschich (« good quality my friend ») et un goût prononcé pour la musique.
On croise encore quelques babacools en pèlerinage sur les traces de leurs aînés. Barbus, cheveux longs, ils promènent leurs sandales dans des chemises chamarrées de fabrication locale. Mais la ville a changé. Les chemins de Katmandou ne sont plus initiatiques. Aujourd’hui, Katmandou est devenue la capitale mondiale du trekking.
Ferveur religieuse à Patan
Alors que Franck prend le chemin des sommets himalayens, je profite des cérémonies religieuses qui se préparent pour approcher le Népal des traditions et de la ferveur religieuse.
L’ancienne cité royale de Patan s’apprête à célébrer le dieu de la fertilité Rato Macchendranath. Adoré pour ses pouvoirs sur la pluie, il est fêté en grande pompe cinq jours durant. Son effigie – un édifice de plus de vingt mètres de haut – juchée sur un char est tirée par les fidèles à travers toute la ville. Sur les toits, aux fenêtres, dans les rues, une foule fièvreuse se presse pour assister à son passage.
Précédant le cortège, un groupe de musiciens, cymbales et tambours, électrise l’assistance et annonce l’arrivée de l’édifice. C’est qu’il faut le faire avancer, ce char ! Lourd de plusieurs tonnes, deux énormes cordes auxquelles s’accrochent plusieurs centaines de bras sont nécessaires pour assurer sa progression.
Foules électriques
Par étapes successives, dans le fracas incroyable des roues de bois et de ferraille qui martèlent le pavé, il déambule lentement parmi les bravos et les acclamations de la foule, parcourant quelques mètres avant de s’arrêter au gré des trous, des virages et des murs qui se dressent en travers de son chemin.
Chaque nouveau départ requiert un effort simultané de la part de tous les fidèles. Monté sur le joug de cet attelage humain, un timonier organise le mouvement et donne la cadence. À son signal, chacun retrousse ses manches, ajuste ses mains sur la corde, cale ses pieds sur le sol. Les visages grimacent dans un même hurlement, cherchent au plus profond d’eux-mêmes tout ce qu’ils ont de force pour ébranler le mastodonte immobile.
La foule, elle, est littéralement suspendue aux efforts des tireurs. Après nombre de tentatives avortées, le char repart sous un tonnerre d’acclamations pour aller s’échouer quelques mètres plus loin et déclencher la joie d’un public nouveau, ravi d’être aux premières loges pour assister aux démêlés entre le char et son attelage.
Ailleurs dans la vallée de Katmandou, l’ambiance est plus recueillie autour des lieux de culte. C’est le cas de Bodnath temple, l’un des épicentres du boudhisme, où je poursuis mon exploration en plein coeur du quartier tibétain.
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