Slow travel vs microaventure : le match

À quoi ressem­blera le tourisme de demain ? Alors que les forums se multi­plient pour en redé­finir les contours, deux-mots clé reviennent en boucle : slow travel et microaventure. 

Slow travel et microa­ven­ture : deux-mots clé qui reviennent en boucle alors que les forums se multi­plient pour redé­finir les contours du tourisme de demain. Plus sûr, plus local, plus durable… Ils portent en eux les tendances du moment. Englobent-ils pour autant les mêmes réalités ? En tant que slow-trotter reven­diqué et microa­ven­tu­rier multi­ré­ci­di­viste, j’ai voulu faire la part des choses.

Connaissez vous la Mad Jacques, une course en stop un peu déjantée qui incite les parti­ci­pants à repousser leur zone de confort et à provo­quer des rencontres ? J’y étais l’année dernière pour témoi­gner qu’il y a d’autres manières de voyager sans partir au bout du monde.

Cette année, c’est au festival de la microa­ven­ture orga­nisé par Chilowé fin septembre que je suis allé dire pour­quoi la France est un terrain de jeu idéal.

La microa­ven­ture, vous n’avez pas pu passer au travers. En l’espace d’un an et plus encore depuis la fin du confi­ne­ment, le terme est devenu le mot-clé à la mode, repris par des médias trop heureux de trouver de quoi se mettre sous la dent.

Avec des hori­zons limités aux fron­tières hexa­go­nales, des budgets restreints et une promis­cuité qui fait peur, le monde du voyage se prépare à une période compli­quéeProche de la maison, bon marché et facile à orga­niser, la microa­ven­ture est arrivée à point nommé.

Week-ends pêche au lac de Vassi­vière, rando-bivouac en forêt de Fontai­ne­bleau, esca­pades vélos de deux jours dans le Cantal… Par certains aspects, le « slow trotter » que je suis retrouve dans ces microa­ven­tures une partie de la gram­maire du slow travel que je pratique.

La microa­ven­ture serait-elle donc soluble dans le slow travel ? À bien y regarder, au delà des valeurs communes, chacune illustre une concep­tion diffé­rente du voyage. Avec un même objectif : se recon­necter à soi et à la nature.

Slow travel vs microaventure - le match

Microaventure vs slow travel : des valeurs communes

Qu’on parle de microa­ven­ture ou de slow travel, les discours se recoupent sur des valeurs communes. D’un côté comme de l’autre, on prône le retour à la nature, on propose de voyager local, dans une démarche durable.

Le mot d’ordre de Chilowe, c’est de mettre tout le monde dehors. Dans leurs guides, sur leur site et au sein de groupes Face­book segmentés par villes, la petite équipe met en rela­tion des urbains en manque de nature avec une soixan­taine de guides, accom­pa­gna­teurs en montagne et autres pêcheurs à la mouche…

Dans le même esprit, la plate­forme Hello­ways propose des itiné­raires de randonnée en France géolo­ca­lisés, regroupés par villes, pour souf­fler à des cita­dins au bord du burnout l’idée de randonnée qu’ils n’avaient pas eue le temps d‘avoir. « Des sorties à la demi-journée, à la journée ou pour un week-end évasion à moindre coût, écolo­gique et sans stress » reven­dique la marque.

Un discours parfai­te­ment en phase avec les aspi­ra­tions de popu­la­tions confi­nées et privées de séjours à l’étranger. À elles l’aventure, les grands espaces, le contact avec Pacha­mama à deux heures de chez eux.

Sauf que…

Comme le disait si joli­ment Ivan Chara­bara, l’inventeur des cabi­nets de poésie générale :

« Les hommes et les femmes,
Filent à l’allure
Imposée par les horloges
Qui les déposent en grappes
Sur les lèvres dévo­reuses
Des méga­pôles »

Là réside la diffé­rence : le citadin est un homme pressé.

Slow travel vs microaventure - le match

Slow travel vs microaventure : deux rythmes différents du voyage

Pressé par le temps, le rat des villes ne dispose que de « 2 jours pour vivre ». L’expression est d’Amélie Deloffre, une autre promo­teuse de la microa­ven­ture dont le livre et les news­let­ters en papier propose de l’inspiration low-tech pour passer ses week-end loin de son ordi et se recon­necter à soi.

Deux jours… Il ne va pas falloir traîner !

La microa­ven­ture opti­mise les semaines, renta­bi­lise le temps libre. Le microa­ven­tu­rier va faire du stop, gravir un sommet en deux jours, faire le tour d’un lac à vélo, descendre une rivière en canoë. Et retour à la maison dimanche soir pour atta­quer la semaine au taquet. Derrière la microa­ven­ture, il y a l’idée de l’effort physique, de la (petite) perfor­mance, du dépas­se­ment de soi au-delà de sa zone de confort.

Au contraire, le slow travel met l’accent sur un temps qu’on étire. Alors que la microa­ven­ture insiste sur la taille (petite), le slow travel mise sur l’allure (lente).

Si le slow traveler se décon­necte de son portable, c’est pour mieux se connecter à l’instant présent, s’immerger dans un quoti­dien qu’il ne connaît pas. Halte aux plans, aux objec­tifs à atteindre, aux défis à relever. Ce qui compte, c’est de lâcher prise, être dispo­nible à l’imprévu, se laisser surprendre. De la desti­na­tion, il ne s’agit pas de tout voir mais de voir mieux, de manière peut-être moins exhaus­tive mais plus en profondeur.

À lire aussi :  Slow travel : ça change quoi de voyager lentement ?

Slow travel vs microaventure - le match

Microaventure vs slow travel : Déconnecter pour se reconnecter ?

C’est l’expérience que propose l’agence Oor zone (ancien­ne­ment out of reach): « Vous aider à débran­cher de notre monde effréné, digi­ta­lisé, pour vous faire vivre une expé­rience plus lente et plus intense, et vous (re)donner le goût du vrai … »

On rend son smart­phone le temps du séjour (au choix, un fort breton, une bergerie dans l’Aveyron, un cocon dans le Morvan) et on le récu­père à la fin. “Décon­necter” devient « un élément incon­tour­nable des vacances : en pleine nature, loin de son quoti­dien et des écrans, loin de la foule et hors des sentiers battus. »

À l’heure où le tourisme cherche à se réin­venter et le voya­geur à retrouver du sens, slow travel et microa­ven­ture sont les deux faces d’un même visage, celui d’un touriste qui cherche à se recon­necter à la nature et à soi.

On peut se réjouir que ces échap­pées nature – aussi courtes soient-elles – servent de marche-pied vers un peu plus de respect pour l’environnement. Mais le slow trotter au long cours que je suis se dit qu’il faudra plus qu’un week-end pour ralentir dura­ble­ment le rythme et renouer avec son moi profond.

Ralentir prend du temps.

À lire aussi :  Voyager encore ? Le monde délivré du tourisme

Le livre d’un voyage exotique en France

Peut-on faire un voyage exotique dans son propre pays ? Pour y répondre, j’ai traversé la France à pied à travers la diago­nale du vide.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Partages
Partagez
Enregistrer
Tweetez