Les îles Lipari sont l’autre nom des îles éoliennes. Parce que c’est la plus grande île de l’archipel et parce que l’histoire commence ici, Lipari joue en quelque sorte le rôle de capitale. Sous la protection du château de Lipari se succèdent Grecs, Romains, Normands, Espagnols… Mais je ne suis pas venu pour la leçon d’histoire. Je suis plutôt venu pour le farniente…
Quand on n’a rien à faire, rien de mieux que de regarder s’affairer les autres. Sur le port de Lipari, l’activité est incessante. C’est le carrefour de l’archipel des îles éoliennes. Au petit matin, je m’en retourne donc sur le quai assister au débarquement des véhicules et au travail des dockers dans la fraîcheur de cette belle journée de novembre.
Au dessus de la mer Thyrrénienne
Le château de Lipari
Le château de Lipari renferme l’un des musées archéologiques les plus importants d’Europe. L’exposition couvre sur une trentaine de salles l’histoire des îles éoliennes depuis le néolithique jusqu’à la période classique. Une section est également dédiée à la vulcanologie – italien parlé requis.
Adresse : Via castello, Lipari
Tarif : 6/3€ (pour les 18–25 ans)
Tél : (090) 98 80 174
Mel : mediation@ciapiledevassiviere.com
Web : Musée de Lipari
L’air marin me donne envie de prendre le large et un petit sentier côtier mène justement à la pointe sud de l’île, avec vue imprenable sur Vulcano. La lumière crue éblouit les pentes auxquelles s’accroche le petit chemin dallé et rebondit sur les murs blancs des maisons liparotes.
Entre les cactus qui recouvrent les flancs de l’île, une tête de géant surgit, échappée d’un hangar en bordure de la route.
Je repense aux chars et à la ferveur du carnaval de Mindelo au Cap-Vert… D’île en île, on retrouve des points communs…
Aux origines des îles Lipari
Depuis la pointe de Lipari, on distingue les fumerolles du cratère de Vulcano, de l’autre côté du bras de mer. L’observatoire géophysique est aux premières loges et j’espère y croiser quelques scientifiques pour m’expliquer la genèse de l’archipel volcanique des îles éoliennes et plus particulièrement, l’activité sismique de ses volcans emblématiques, Vulcano et Stromboli. Pas de chance, la porte est fermée et le site désert.
En l’absence de science, la mythologie a le champ libre ! Au pied de la falaise que surplombe l’observatoire, les deux rochers qui pointent vers le ciel rappellent le mythe auquel l’île doit son nom. Ces faraglioni, aussi appelés doigts d’Éole, sont les reliques du dieu des vents qu’Ulysse, au cours de son Odyssée, visita en son palais de Lipari.
Éole chez Homère
Dans l’Odyssée d’Homère, Ulysse évoque Éolie où le dieu des vents a sa demeure :
« Quand je veux reprendre la route et lui demande de l’aide, il ne me refuse rien, au contraire, et prépare mon retour. Il écorche un taureau de neuf ans ; dans la peau il coud toutes les aires des vents impétueux, car le fils de Cronos l’en a fait régisseur : il apaise l’un ou excite l’autre, à sa volonté. Dans le creux du navire, il lie celle-ci d’un fil d’argent brillant, afin que la moindre brise ne puisse en sortir. Puis il me fait souffler un flux de zéphyr, un vent portant pour les navires et les équipages. » Ulysse naviguera pendant neuf jours à bon rythme avant que son équipage, jaloux, ne délie le sac et que des vents contraires le ramènent en Éolie
Web : Éole dans la mythologie
Dans le centre de Lipari
Dans les ruelles du vieux quartier de Lipari, ça sent la lessive. Le linge pendu au balcon sèche, inerte. De 2h à 5h, toute la Sicile fait la sieste. Ce qui reste de vie se passe alors dans la cuisine et les îles éoliennes ne font pas exception.
Le restaurant Chez Filippino est considéré comme l’un des meilleurs restaurants de Sicile. Dans la grande salle tendue de draps clairs et de nappes plissées, je suis le seul client du soir.
Dégustation des différentes huiles d’olives, fruits de câpres, espadon en sauce et tiramisu servis dans un service aux armoiries de la maison, sous les applaudissements du match de foot que la télé diffuse. Ambiance famille hors saison.
Chez Filippino
Adresse : Piazza Mazzini, Lipari
Tarif : à partir de 30€
Tél : (+39) 090 98 11 002
Mel : filippino@filippino.it
Web : www.filippino.it
Un tour de Lipari en scooter
Lipari est la plus grande et la plus peuplée des îles éoliennes. Pris par le temps pour pouvoir découvrir à pied ses paysages volcaniques, c’est par ses petites routes que je décide de l’arpenter.
Louer un scooter tient du jeu d’enfant. Se repérer à travers les différentes vallées est en revanche beaucoup moins facile. Quittant la route côtière qui fait le tour de l’île, je m’enfonce entre les flancs de la montagne, me perds, décide finalement de prendre la route comme elle vient. Mes circonvolutions me ramènent une bonne heure plus tard à quelques centaines de mètres de la bifurcation initiale…
Le soleil se couche alors que je mets les gaz pour arriver avant le noir complet (le phare de mon scooter est cassé). Plus long que prévu, ce tour de l’île ! Je râte le coucher de soleil sur Salina. La nuit tombe lorsque j’arrive au village de Quattropani. Au cimetière tout illuminé, il y a foule. C’est la Toussaint et les familles viennent rendre visite à leurs morts. L’atmosphère est intimiste, la lumière photogénique. J’assiste à distance respectueuse aux hommages familiaux en me questionnant sur le nombre d’accidentés de la route…