Salina, randonnée sur l’île végétale

Randonnée sur l’île de Salina, la plus verte des îles éoliennes. Ascen­sion du volcan et décou­verte de l’île en scooter. La Sicile côté nature.

Si les îles éoliennes étaient une hélice, l’île de Salina en serait le pivot. Son volcan, la Fossa delle felci est le point culmi­nant de l’archipel. Le sommet offre des points de vue sublimes sur les autres îles, tandis que le cratère de cette « fosse aux fougères » abrite une flore déclarée réserve natu­relle. La randonnée s’imposait…

Sur le ponton de Santa Maria de Salina, tout comme sur l’île de Strom­boli, un comité accueille les derniers touristes – et poten­tiels loca­taires – de la saison. Je décroche un appar­te­ment fami­lial pour vingt euros. Nous remon­tons les pentes de la ville plongée dans la pénombre jusqu’à la petite rési­dence où des loggias s’alignent bien rangées. Ciment au cordeau, carre­lage blanc, néon… C’est propre comme dans une clinique. Je ne serai pas réveillé par les voisins. Il n’y a que moi.

Randonnée sur l'île de Salina - pêche dans la mer tyrrhénienne

Salina, l’île végétale

L’île de Salina est un double volcan : le Fossa delle Felci, 962 mètres, séparé de son jumeau le Monte dei Porri par une vallée où l’on cultive la vigne. Car à la diffé­rence des autres îles éoliennes rocailleuses et arides, Salina arbore une végé­ta­tion abon­dante jusqu’à l’intérieur de ses cratères endormis.

Fantas­mant sur le spec­tacle d’un tel écosys­tème, je m’élance en fin de matinée en direc­tion de ce parc naturel régional des deux monts que je suis venu découvrir.

Randonnée au Monte Fossa delle Felci

La via Rinas­cente longe les courbes de niveau jusqu’au croi­se­ment de la strada provin­ciale 182 qui remonte sur la gauche face à la pente et tire tout droit, le long d’un repli de la montagne, en direc­tion du sommet.

Randonnée sur l'île de Salina - les cactus au pied du volcan

À travers des couloirs de buis­sons odorants, bordés de cactus et de massifs accro­chés à la pente, le sentier esca­lade le flanc du volcan. À mon passage, des lézards innom­brables filent en un éclair. Les esca­liers sont inter­mi­nables et les volées de marches mettent mes cuisses à rude épreuve.

« Durant les fortes chaleurs de l’été, cette randonnée doit être un cauchemar »

me dis-je en empoi­gnant mon appa­reil photo. Alibi légi­time pour multi­plier les arrêts. Dans la lumière fraîche de ce début novembre, Salina est belle.

Dans le cratère du volcan

Les senteurs d’euca­lyptus, d’humus, de mousse et de myrte qui m’accueillent au sommet récom­pensent les efforts de l’ascension… Je m’arrête pour respirer à plein poumons, écouter le vent qui gémit douce­ment entre les arbres.

Sur les lèvres du cratère, un pour­tour de roches et de fougères oran­gées marque la limite.

« La fosse aux fougères… Il porte bien son nom ! »

Je pénètre dans le sanc­tuaire. L’air est plus humide, la végé­ta­tion plus dense. Un tapis de feuilles et de gogues étouffe mes pas. Quelques piaille­ments d’oiseaux accom­pagnent le silence. Là où le soleil perce, les couleurs de l’automne sont une pure merveille. Des arbouses rouges flashies jonchent le sol comme les cailloux d’un petit poucet. Je les ramasse et les avale consciencieusement.

En suivant le sentier vers l’ouest, le paysage s’ouvre sur la silhouette du Monte dei Porri. Plus distante, l’île de Fili­cudi blan­chit derrière les embruns. Depuis Strom­boli, les mêmes ques­tions me pour­suivent. Pour­quoi vient-on s’installer dans les îles éoliennes ? Qui vit à Fili­cudi ? Est-ce qu’on ne souffre pas de l’isolement ? Et de la soli­tude ? Comment se passe l’hiver là-bas ? L’inconnu soulève toujours une foule de question…

J’ai un peu trop traîné du haut de mon sommet. Alors que le soleil décline, je prends le chemin du retour. Je finirai de nuit, déva­lant la pente en toute hâte, le cuir de mes chaus­sures cris­sant dans l’obscurité. Les lumières de la ville marque­ront l’heure du repas.

Salina, randonnée sur l'île végétale - Panorama depuis le sommet de l'ïle

Santa Maria de Salina

La cuisine éolienne est à l’image de ses îles : Fraîche, enso­leillée, aroma­tique. Produit local par excel­lence, la câpre de Salina, bouton de fleur plongée dans la saumure, relève les sauces et réveille les saveurs. Les herbes, absinthe, laurier, fenouil sauvage, agré­mentent les pois­sons et les civets de lièvres.

En quête d’une table où déguster quelque chose de typi­que­ment éolien, l’ardoise grif­fonnée du restau­rant NNI Lausta, avec son plat unique, son vin du jour et sa double porte vitrée ouverte aux quatre vents, m’interpelle. Le chef me débrouille un plat de pâtes savou­reux, vide une bouteille de vin gouleyant. On est bien.

Dans les rues étroites de Santa Maria, les façades pastel des maisons éoliennes éclatent au soleil, réhaus­sées d’arrêtes jaunes, d’encadrements oranges, de fenêtres bleues et de balcons en fer forgé. Des fleurs en pots et des plantes grasses agré­mentent des terrasses ombra­gées. Cactus, palmiers, roseaux, bougain­vil­lées débordent des murs… On devine les jardins.

Une balade en scooter

Le bruit de moteur des piag­gios à trois roues-cabine-plate­forme rebondit entre les murs, sur les pentes de la ville. 

Pour se déplacer sur les routes sinueuses de l’île, parmi les senteurs d’orangers, de figuiers et d’absinthe, rien de tel qu’un scooter.

Deux mille personnes vivent à l’année sur l’île de Salina, hiver compris, répartis sur les trois communes de Santa Maria, Malfa et Leni. Les autres quittent la douceur de l’île et partent voyager. Je décide de faire un tour, visiter les vignes de Valdi­chiesa, la plage de Pollara…

Au soleil, il fait doux mais je me fais surprendre par la fraî­cheur, quand l’ombre des volcans s’étend sur la côte.

Ici, les horaires, les règles et les lois sont données à titre indi­catif et chacun s’en accom­mode selon son gré. Chacun sauf le soleil qui dispa­raît derrière Fili­cudi. Le fracas des vagues qui se brisent sur la digue me rappelle que mon départ pour la prochaine des îles éoliennesLipari, sera soumis au bon vouloir de la mer. Fina­le­ment, ce sont les dieux qui gouvernent ici.

Commentaires

Merci Lola 🙂 Oui Salina est vrai­ment un très bel endroit ! Moi je n’ai pas pu voir l’Etna à cause de la purée de poix qui régnait au sommet mais je pense que ça doit être quelque chose, surtout en période d’éruption !!!

merci Matt, à travers tes phrases joli­ment tour­nées, j’ai retrouvé les impres­sions de l’as­cen­sion du Monte Fossa a Salina que j’ai faite la semaine passée, pas si facile de trouver le chemin au sommet pour contourner le cratère boisé, et la baignade à pollara le jour suivant était magique.Michelle

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