Catane, Sicile, première étape d’un séjour volcanique vers les îles éoliennes. Dominée par le Mont Etna, sa figure tutélaire, la ville offre une introduction passionnante aux liens qui unissent les volcans et les hommes. Balade historique et ascension du cratère.
Fin de journée à Catane. Dans le parc de la Plaza Alcala, les vieux trichent aux cartes et se disputent bruyamment sous les arches de la voie de chemin de fer. Plus loin, des immigrés turcs jouent à la pièce, dont le son scintille sous les arcades. De l’autre côté de l’enceinte qui entoure la place, les fidèles préparent la fête de la Toussaint qui a lieu dans quelques jours.
Je suis encore tout étonné d’être ici. Vacances surprises, tombées comme un ultimatum : maintenant ou jamais. Trois jours pour trouver une destination 1. ensoleillée 2. accessible à cette période de l’année et surtout 3. trop petite pour me perdre dans des dilemmes d’itinéraires et de préparatifs. J’ai tout de suite pensé à une île ou à un archipel.
Les îles éoliennes convenaient parfaitement. Cette poignée de confettis jetés au large de la Sicile offraient en prime quelque chose dont je rêvais depuis très longtemps : des volcans.
Balade dans Catane
La vieille ville de Catane porte les stigmates de l’intense activité sismique : dalles sombres de pierre volcanique, blocs de lave brute qui surgissent parfois, façades ocres décrépies, lézardées, abattues, végétation hirsute émergeant de l’encadrement d’une fenêtre…
Le centre historique a été détruit lors du tremblement de terre de 1693. L’heure était au baroque et les demeures et les palais reconstruits et richement ornés, classés par l’UNESCO au patrimoine mondial, datent de cette époque. Pour ce qui est des marches de marbre fissurées et branlantes, des fils qui pendouillent et des machines hors services, il faudra moins miser sur la violence des séismes que sur le manque de moyens.
Fondation Puglisi Cosentino
Installée dans le magnifique palais Valle, chef d’oeuvre du baroque sicilien, la fondation Puglisi Cosentino œuvre en faveur de l’art ancien, moderne et contemporain. L’espace d’exposition compte douze salles, ouvertes sur la cour intérieure, dédiée elle à la sculpture. Un beau lieu pour une belle programmation.
Adresse : Via Vittorio Emanuele 122, Catane
Tél. :+39 095 7159378
Mel : didattica@fondazionepuglisicosentino.it
Web : http://www.fondazionepuglisicosentino.it/
L’Etna
Lorsque les Grecs fondent Catane, au pied de l’Etna, ils considèrent cette terre comme la patrie des cyclopes. Ulysse s’est frotté durant son odyssée à ces géants colériques, fils du ciel et de la terre, qui forgent la foudre, le tonnerre et les éclairs. Michel Serres explique dans Le gaucher boîteux comment les auteurs de récits antiques personnifiaient les lieux :
« Parmi [les cyclopes], celui qui s’appelait Polyphème devait, selon son nom, parler à plusieurs voix. Qui ne voit là le cratère circulaire, au sommet d’une montagne, qui n’entend là la chambre dite magmatique, interne et souterraine, ainsi que les tonnerres dont les grondements préparent et accompagnent l’éruption ? »
Aujourd’hui encore, l’Etna est l’un des volcans les plus actifs de la planète (sa dernière éruption date de août 2018). Comme jadis Polyphème sur le bateau d’Ulysse, “il rentre en sommeil après une éruption, et dans ses réveils terribles, éructe et projette des blocs de roche au loin”.
Au refuge de Sapienza
J’en prends la direction au petit matin pour admirer du haut de ses 3350 mètres un panorama sur toute la Sicile, randonner parmi les coulées de lave et contempler les trois immenses cratères du volcan. Passé 1000 mètres d’altitude, le bus pénètre dans une épaisse couche de brouillard. Tout disparaît dans la brume. Il en sera ainsi toute la journée. Au refuge de Sapienza, le téléphérique est fermé, les excursions annulées.
Noyé dans les nuages, je déambule dans ce paysage minéral en apesanteur, hors du temps et coupé du monde, où seules quelques plantes survivent, accrochées à la pente. C’est un premier contact avec ce monde à part et malgré la visibilité nulle, je ne suis pas déçu. Je sais qu’à quelques dizaines de kilomètres, sur les îles éoliennes, les laves du volcan Stromboli me réservent un spectacle autrement plus vivant…
Se rendre à l’Etna
Depuis Catane, prendre le bus AST (pourAzienda Siciliana Trasporti) au départ de la gare ferroviaire centrale, place Giovanni XXIII. Il dépose ses passagers entre une et deux heures plus tard (suivant les arrêts) au refuge de Sapienza, au pied du téléphérique qui mène 1000 mètres plus haut. Souvent bondé (pas en novembre)
Tarifs : 6,5 €
Horaires : Départ 8h15 et 10h30 (à vérifier, ça change suivant la saison) / Retour 16h
Temps de trajet : entre 1 et 2h
Transports vers les îles éoliennes
Pour rejoindre les îles éoliennes, il faut se rendre à Milazzo d’où partent les ferries et les hydroglisseurs. À moins de louer sa propre voiture, le train est la meilleure option. Catane-Messine puis Messine-Milazzo (ce dernier tronçon peut se faire également en taxi). Compter deux bonnes heures.
Horaires disponibles sur le site de trenitalia.com
Une ligne de bus relie directement l’aéroport de Catane et le port de Milazzo. En saison (1er juin-30 septembre), 6 départs de 9h10 à 19h. Hors saison, 2 départs à 11h et 19h.
Tarif : 15€
À Milazzo, plusieurs solutions : départs pour les îles de Vulcano, Lipari, Stromboli, directement ou avec étapes, en ferry (plus lent, 12€ pour Lipari) ou en hydroglisseur (plus rapide, 16€ pour Lipari). Plusieurs sociétés assurent une trentaine de départs par jour en saison, moitié moins hors saison, et aucune lorsque la mer est mauvaise. Se renseigner directement à l’embarcadère de Milazzo, via Ammiraglio Luigi Rizzo, 1.
Commentaires
Bonjour Mat !
Merci pour tous ces articles qui donnent envie de voyager 🙂
Je prévois un voyage en Sicile du 10 au 17 novembre.
Est-ce trop tard en saison pour profiter de l’île ?
J’ai vu que beaucoup d’excursions n’étaient déjà plus possibles.
Merci pour tes conseils !
Sandrine
Bonjour Sandrine ! J’ai passé l’essentiel de mon séjour sur les îles éoliennes, je peux difficilement parler de la Sicile en général du coup. Par contre, je peux parler des voyages hors saison et je trouve que tout est plus relax, moins de pression touristique et donc plus de temps pour rencontrer des locaux. C’est un ressenti général, je n’ai pas voyagé en Sicile comme ça. C’est vrai que la dernière ascension de la saison sur Stromboli avait lieu la première semaine de novembre et j’aurais été terriblement frustré de ne pas pouvoir la faire. Mais avec un peu d’organisation à l’avance, je pense qu’il y a de quoi se faire plaisir ! Trop de choses à voir en Sicile pour que tu t’ennuies. Rien que Palerme mérite quelques jours apparemment… Bon voyage ! Je suis curieux de ton feedback !