Une randonnée sur des chemins à l’image de la langue du pays : mal indiqués, chaotiques, boueux, parfois inondés. En un mot, hermétiques. Quand l’accent des montagnes rencontre celui des campagnes.
“How do you say ? Clonaslee ? ‘don’t know”
Depuis deux jours, personne pour m’indiquer cette foutue ville qui compte parmi les cinq points d’entrée du parc national des Slieve Bloom Mountains. Certes, je n’ai pas la langue d’un caméléon ; et d’autant moins que, plus je m’enfonce dans la plaine centrale, et plus l’accent me semble rugueux, rauque, rocailleux. C’est bon signe : je cherche les montagnes.
Au pub de Cloneslee, rien qu’à l’oreille, j’aurais pu repérer que j’étais arrivé. L’accent des montagnes y rencontre celui des campagnes. Impossible de comprendre le moindre mot de ce que mes déjà copains de comptoir me racontent entre deux courses de chevaux télévisées. Je cache mon embarras derrière un sourire indéfectible et ponctue la conversation de “oh yes” et de regards entendus. Dieu merci, ils parlent tous pour deux.
Les chemins de randonnée qui sillonnent la montagne sont à l’image de la langue du pays : mal indiqués, chaotiques, boueux, parfois inondés. En un mot, hermétiques. On ne s’aventure qu’à ses risques et périls dans les vallées de Glenbarow, de Glenkeen, de Glendlahan. C’est ce qui fait tout le charme de ces vallées où la roche affleure, où l’eau cascade et où la nature semble entonner le chant du monde. Giono n’aurait pas renié.
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