Visiter Berlin et pousser des portes secrètes

Pour visiter Berlin le nez en l’air, il faut de la curio­sité et un soupçon de chance. Bars, salon de thé, bâti­ment offi­ciel… A chaque fois, une surprise !

Pour visiter Berlin le nez en l’air, il faut un peu de curio­sité et un soupçon de chance. Mais en pous­sant les bonnes portes, on tombe parfois sur des trésors. Bars, salons de thé, bâti­ments offi­ciels… Berlin ne se visite pas. Elle s’explore !

C’est un amal­game de bâti­ments inso­lites, trop neufs et mal coor­donnés, parsemés de ruines et de terrains vagues. Berlin n’est pas jolie. Pour­tant, j’aime cette ville. Elle a du charme. Dans la capi­tale auto-déclarée « pauvre et sexy », une énergie bouillonne, nourrie par le passé, ouverte aux quatre vents. Berlin est un aimant. J’y ai vécu et j’y reviens toujours avec la même envie. Au présent, c’est un immense chan­tier que j’ai hâte de passer au crible.

Berlin, ville rubik’s cube

Berlin prend son temps. Dans le métro, mes réflexes de pari­sien caféiné m’incitent à enjamber les marches deux par deux, à doubler le pas pour m’engouffrer dans le métro comme un courant d’air. Je suis seul à courir. Le flot de voya­geur s’écoule tran­quille­ment au rythme régu­lier d’un esca­lator fonc­tion­naire. Je calme le pas, aiguise mon regard, me synchro­nise avec la ville. Je suis à l’affut de ses dernières transformations.

Revenir à Berlin, c’est se déplacer dans un rubik’s cube en construc­tion. Tout bouge, tout le temps. Je passe dans des rues que je connais avec un senti­ment étrange de schi­zo­phrénie. Les souve­nirs sont toujours là mais les repères ont changé. Travaux disparus, façades réno­vées, fresques repeintes. La ville n’en finit pas de se renou­veler.

Ses cica­trices sont pour­tant encore palpables. Elles ancrent la ville dans l’histoire. Elles laissent aussi de la place pour rêver ce qu’elle sera demain. S’il y a un endroit où la culture alter­na­tive a sa place, c’est bien Berlin.

Visiter Berlin - East Side Gallery

Visiter Berlin et pousser les portes

A Berlin, se fier aux airs inno­cents des façades est une erreur. Il faut pousser les portes, s’aventurer dans les arrière-cours. Elles sont pleines de surprises.

C’est le cas du Buck & Breck, un des bars à cock­tail les plus côtés de Mitte. Un mur décrépit, pas d’enseigne, rien qu’une simple sonnette et un post-it grif­fonné au stylo Bic. On vous ouvre et la magie commence (je ne poste pas de photo pour préserver l’effet de surprise).

Les Améri­cains ont intro­duit la folie des cock­tails à Berlin-ouest, à l’époque du mur. Les Alle­mands en ont fait une reli­gion. Un grand bar trône au centre de la pièce. Il occupe tout l’espace. Derrière, le barman est plus concentré qu’un moine Shaolin. Poudres, zestes, larmes, rivière, alcool, glaçons, cuillère, chaque geste est réalisé avec une préci­sion d’horloger. Le sort du monde semble entre ses mains. Peut-être, après tout ? En trois tour­nées, nous sauvons dans la soirée les femmes exci­sées d’Afrique, les Indiens d’Amazonie et les tribus en voie d’extinction du Kamchatka.

Visiter Berlin - Buck&Breck, Cocktail Bar

Une maison de thé Tadjik au fond d’une arrière cour

En marge des terrasses popu­leuses de l’Oranienburger strasse, au fond d’une arrière cour, je déniche un endroit mysté­rieux. Une maison de thé tadjik en plein coeur de Berlin ? Je pousse la porte.

Les casiers qui m’accueillent m’invitent à quitter mes chaus­sures. Les tapis sont moel­leux et colorés. Je m’installe à même le sol sur des cous­sins soyeux et rembourrés. Je rêve d’un salon comme celui-là. Ce Tadji­kische Tees­tube va devenir mon repère.

Plafond et piliers en bois sculptés recons­ti­tuent l’intérieur d’une maison à thé tradi­tion­nelle. L’Asie centrale s’affiche sur des tableaux d’un autre temps. Le décor date de 1974. Les pays frères du bloc commu­niste se réunissent alors à Leipzig pour une grande foire inter­na­tio­nale. Pour l’occasion, la Russie offre le salon de thé du pavillon sovié­tique aux cama­rades est-alle­mand. Spasiba !

En bon voya­geur, je dédaigne le samovar et ses mignar­dises russes qui sentent l’attrape-nigaud. J’opte pour le thé des cara­vanes, léger et fumé, et sa théière de terre cuite. Porce­laine pour le thé de Chine Kemun, fer blanc pour le thé noir de Russie, curieu­se­ment doux et tanique. Quant à l’indigeste plov ouzbek, dix ans plus tard, j’en ai des souve­nirs encore huileux et indigestes.

L’endroit est une bulle hors du temps. Il perd beau­coup de son charme lorsqu’il devient bruyant et surpeuplé.

*** Infos pratiques : Tadschi­kische Tees­tube, Oranien­burger strasse 27, Berlin. 16h-22h en semaine, 12h-22h le week-end.

De l’urbex en plein centre ville

C’est encore par un hasard complet que je découvre l‘étrange bâti­ment de l’institut de Biologie de la Humboldt Univer­sität. Les motifs de la lourde porte en fer qui en défend l’accès attirent mon atten­tion. Tiens, c’est ouvert… Je rentre dans l’univers paral­lèle de ce temple du savoir.

Esca­liers en volutes, plan­chers craquants, marbres et voûtes, l’architecture du bâti­ment est celle d’une cathé­drale un peu aban­donnée. Les têtes des idoles sont expo­sées le long du mur. J’arpente les étages. Les salles de cours sont vides. Les porte-manteaux attendent les étudiants. Les paillasses prennent la pous­sière et des couloirs vides se succèdent.

A Berlin, l’exploration urbaine est partout.

Commentaires

Hello Virginie ! Je te recom­mande vive­ment la maison de thé tadjik ! Il n’y a pas mieux pour faire un petit débrief de sa journée dans une ambiance très coole. Et puis toi qui aimes les saveurs, tu goûteras le plov (je ne sais pas si c’est un vrai bon conseil que je te donne là 😉 )

J’ai savouré ton article ! Je suis sous le charme de tes photos et des ambiances que tu décris.
C’est bête, mais je ne suis encore jamais allée à Berlin .… ce n’est pas si loin pourtant …
J’en­tends et je vois, surtout par le biais d’autres blogueurs, des retours posi­tifs et riches sur cette ville, qui je pense se découvre « hors des sentiers battus ».
Un jour j’irai, et je garde ton article et tes bonnes adresses dans un coin de ma tête : cela me sera sûre­ment très utile 😉

Coucou Aman­dine ! Merci pour ton commen­taire et content d’avoir réussi à te commu­ni­quer mon enthou­siasme pour Berlin ! Oui cette ville est dingue. Il y a une profu­sion d’adresses origi­nales et de lieux à décou­vrir. Et tout est à portée de bourse, ce qui démul­ti­plie les possi­bi­lités. Pour moi qui viens de Paris, c’est une vraie bouffée d’oxy­gène. Jusqu’à ce que j’y déménage 😀

ton article tombe super bien car notre prochain voyage est un city­trip à Berlin pendant 4 jours début Octobre. Je ne manquerai pas de tester certaines de tes adresses 🙂

Salut Thomas ! Merci pour ton commen­taire. 4 jours, vous allez courir en tous sens ! Pensez à vous procurer des vélos, ce sont les meilleurs amis du Berli­nois. Et gare aux nuits berli­noises, qui peuvent durer long­temps 😉 Bon citytrip !

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