Balade gastronomique le long du canal du Nivernais

Bon appétit et large soif ! Dans l’Yonne, l’iti­né­raire prévu de châteaux en châteaux se trans­forme en balade gastro­no­mique. Côté orga­ni­sa­tion, ça patine un peu…

Bon appétit et large soif ! Dans l’Yonne, l’itinéraire prévu de châteaux en châteaux se trans­forme en balade gastro­no­mique. Vins de Chablis, tables ombra­gées et viandes en sauce… Le long du canal du Niver­nais, le temps est au beau fixe, l’ambiance à la sieste. Côté orga­ni­sa­tion, ça patine un peu…

Au début de chaque dépar­te­ment, il y a toujours une phase de mise en place où ça patine un peu. J’envoie une salve de mails comme on lance des hame­çons et je vois là où ça mord. Mon itiné­raire se dessine comme ça. Qui sera dispo­nible ? Quelle direc­tion prendre parmi le choix des possibles qui s’excluent les uns les autres ? Toutes les pièces du puzzle sont sur la table et toutes ne s’imbriqueront pas ensemble.

Sauf que dans l’Yonne, l’été est là et rien ne veut se mettre en ordre. Je me retrouve face à mes contra­dic­tions. D’un côté, rencon­trer les habi­tants de la diago­nale du vide qui nour­rissent la logique de mon voyage. De l’autre, laisser le hasard guider mes pas.

L’Aube avait déjà battu en brèche mes plans sur la comète et désor­ga­nisé mon itiné­raire. L’Yonne enfonce le clou et me donne une petite leçon de « lâcher-prise ». M’en remettre aux oppor­tu­nités que chaque jour met sur ma route. Je reven­dique cette manière de voyager. Me voilà au pied du mur.

Quitte à ce que ça patine, autant devenir pati­neur artistique.

Sur le chemin qui mène à la côte de Lechet

Lecture de paysage à Chablis

A Chablis, je m’installe au camping muni­cipal. Dans les villes pros­pères, le camping muni­cipal, c’est toujours une bonne formule. Et à en juger par son camping muni­cipal, Chablis est une ville pros­père

Franck Chré­tien, mon contact sur place, confirme : « Chablis, c’est six banques pour deux mille cinq cents habi­tants. » Avec ses rubans colorés et ses vitrines garnies, la ville est apprêtée comme une pièce montée. C’est ma première halte véri­ta­ble­ment touris­tique depuis le début du voyage. J’ai l’impression d’être dans un décor de cinéma.

Des figu­rants endi­man­chés parlent une autre langue. Quatre-vingt pour cent de la produc­tion de Chablis part à l’étranger. Dans la rue, l’anglais semble être la langue offi­cielle. Au camping, tout le monde est hollan­dais. Des gros véhi­cules avec vélos, table dépliante, chaises longues, prises élec­triques, para­boles, cara­vanes, quads occupent les parcelles.

A la numéro 38, une petite tente rabou­grie et un sac à dos jaunes dispa­raissent entre les haies. C’est chez moi. Dans la nature, avec mon équi­pe­ment mini­ma­liste, je me sens libre. Ici, je me sens pauvre. D’ailleurs à quoi bon se rassem­bler ? Les « campeurs » ne se regardent même pas.

Balade gastronomique dans l’Yonne

La convi­via­lité du repas de chas­seur à Etourvy n’était qu’une mise en bouche. A force de vin et de cocho­naille, mon itiné­raire dans l’Yonne se trans­forme insi­dieu­se­ment en balade gastro­no­mique. En un seul repas, je grille – sans regret – le budget d’une semaine de voyage.

« Bon appétit et large soif »

commente Alain Renaudin, le chef du restau­rant les Tilleuls à Vince­lottes, avec son air de ne pas y toucher… Il ne croit pas si bien dire. Dans l’Yonne, mon sac est plus lourd : je trans­porte des bouteilles. Traverser sans les goûter les vignobles d’Irancy, les blancs aligotés et les côteaux auxer­rois, ce serait pêcher.

Ici, boire, c’est rencon­trer un vigneron, parler de son travail, prendre des nouvelles de sa vigne. Et comme la vigne c’est sa vie, on rentre par la petite lucarne dans l’intimité de sa cave. Et parfois même, dans un petit coin de l’histoire de France.

Coucher de soleil sur les vignes de Chablis

Une cave à remonter le temps

« Baissez-vous et atten­tion à ne pas glisser ».

A Saint-Bris le vineux, l’escalier de la cave Bersan descend dans les arcanes du temps. Des siècles de souliers ont arrondi les marches. En haut, on entre­voit par l’ouverture le ciel du XXIème. En bas, on est au XIIème.

À la surface, on est au XXIème siècle, en bas de l'escalier, au XIIème.

Des tonneaux du meilleur chêne s’alignent sous les voûtes, entre les piles. Au delà, c’est un dédale de couloirs souter­rains où les moisis­sures se prélassent dans la pénombre. Des barriques et quelques agglu­ti­ne­ments de bouteilles mal alignées meublent les renfoncements.

Tout paraît sans âge. Ces 12 degrés constants contrastent avec la chaleur écra­sante du plein été.

8 siècles d'histoire dans le caveau du domaine Bersan à Saint-Bris-le-vieux

Au fil de l’Yonne

Le canal de l’Yonne trace un itiné­raire tout trouvé. Quand je pense que je pour­rais glisser sur une barque plutôt que trim­baller mon sac sur le dos… Depuis le chemin de halage, je regarde l’eau avec envie. Il va falloir trouver un moyen de tirer parti de ce moyen de dépla­ce­ment. En atten­dant, baignade obligatoire !

Baignade estivale à Bessy-sur-Cure
Le pont d'Arcy-sur-Cure, au bord de l'eau
L'Yonne le long du canal du Nivernais

Le livre d’un voyage exotique en France

Peut-on faire un voyage exotique dans son propre pays ? Pour y répondre, j’ai traversé la France à pied à travers la diago­nale du vide.

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Commentaires

Nous suivons toujours ton périple ‚où en es-tu en ce moment ? malgré ton retour sur la capi­tale meur­trie par la folie de désaxés…
J » ai regardé ces magni­fiques images du CHABLISIEN que je connais bien ‚elles m » ont soulevé de beaux souve­nirs dans cette belle région qui fleure bon cet excep­tionnel vin de Bourgogne.Ces vignobles bien ordonnés, groupés au bord du « serein » cette rivière ou la végé­ta­tion aqua­tique danse au gré des courants et des cascades comme les cheveux longs d’une naîade.
Amitiés BONNE ROUTE.
DOM et VERO

Dom ! Véro ! Ça fait plaisir de vous lire. Je retrouve la poésie de Dom dans votre petit message 🙂 Et oui, l’Yonne m’a vrai­ment beau­coup plu. Je ne m’at­ten­dais à rien et j’ai été enthou­siasmé ! Je suis main­te­nant dans le Berry après avoir traversé le Morvan – Un autre très très bon moment que j’ai hâte de vous raconter 🙂
J’es­père que je n’ar­rive pas trop tard pour voir des oiseaux et quelques feuilles aux branches… La bise à tous les deux !

Bonjour,
Je viens de décou­vrir vos carnets de voyage et je me régale de vous lire et de décou­vrir vos photos, qui sont à la fois belles et originales.
Je suis origi­naire de l’Yonne (et j’y vis toujours d’ailleurs) et je suis content de voir que vous avez apprécié notre patri­moine à sa juste valeur 😉
Au plaisir de vous lire dans vos prochaines aventures.

Bonjour Rudy ! Oui l’Yonne est une très belle surprise… Je ne m’at­ten­dais pas à grand chose et j’ai été litté­ra­le­ment bluffé ! La diver­sité des paysages, les reliefs très doux et les sous-sols à explorer, la présence de l’eau partout, la beauté des petits villages, la bonne chère… Vrai­ment un chouette endroit 🙂
Mais j’ai aussi beau­coup aimé le Morvan… Plus sauvage mais tout aussi attachant !
A bientôt par ici Rudy 🙂

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