Fini la randonnée à pied, me voilà cycliste ! C’est sur un vélo que j’accrocherai mes bagages, désormais. Ravi de retrouver des sensations que je connais bien, j’attaque bille en tête la grande traversée du massif central.
Ruynes en Margeride !!! On ne pouvait pas trouver meilleur nom pour résumer ces trois jours passés sur la Grande Traversée du Massif Central. En seulement trois jours, mon vélo est détruit. Garde boue cabossé, système électrique arraché, selle branlante, sacoche avant déchirée. Le ton est donné : Il va y avoir du sport…
Je suis prêt à en découdre pour une bonne raison : le vélo sollicite d’autres muscles que la marche à pied. Conformément à mes attentes, ces trois derniers jours, mon dos a été un peu en vacances – Ok, disons… en week-end !
La Grande Traversée du Massif Central à vélo
La grande traversée du Massif Central (ou GTMC) se range dans la catégorie aventure, option cyclotourisme. Des volcans d’Auvergne aux plages de méditerranée, l’itinéraire escalade les sommets, enjambe les vallées sur plus de six cents kilomètres.
J’ai roulé dans les Andes, gravi les sommets iraniens, emprunté les routes du Népal et de Guinée Conakry lors de mon tour du monde à vélo. Ce petit bout de montagne est une mignardise !
De Mende jusqu’à Alteyrac, sur le Causse de Sauveterre, les premiers kilomètres font ressurgir mes expériences passées. Combat contre la pente, ivresse de la descente, sensation de vitesse, sournoiserie du vent… Seul élément nouveau : la chasse aux balises.
La GTMC : le plus grand parcours d’itinérance à VTT en France
La Grande Traversée du Massif central à VTT (ou GTMC) propose un parcours de 1400 km : l’itinéraire original de 680 km qui relie Clermont-Ferrand à Sète, a été complété en 2018 par la grande traversée du Morvan et les rives de l’Allier. Des volcans d’Auvergne aux causses de Lozère, des lacs du Morvan aux gorges du Tarn, on traverse 5 parcs naturels régionaux et nationaux et une très belle variété de paysages. L’itinéraire peut se faire par étapes ou dans son intégralité. Adapté pour les VTT à assistance électrique, il met l’itinérance à vélo à portée de tous les publics. Topo guides et traces gpx à récupérer sur le site de la GTMC.
www : www.la-gtmc.com
À la recherche des sentiers balisés
Sur le coup, la remarque du responsable de l’office du tourisme de Mende m’avait semblé anodine :
« Ah vous remontez ? Vous faites le trajet à l’envers alors, parce qu’il n’est plus balisé que dans l’autre sens. Quand on part en vacances, on descend, on ne remonte pas ! »
Petit un, je ne suis pas en vacances et petit deux, si un chemin est indiqué dans un sens, il l’est forcément dans l’autre. Ma logique trouve vite ses limites sur le terrain. La navigation le long de cette GTMC me donne du fil à retordre.
Le nez sur ma carte, je vérifie l’itinéraire à chaque virage. Je le suppose optimisé pour les vélos, limitant les dénivelés, choisissant les moindres reliefs. Mes vingt kilos de bagages et les pentes à deux chiffres m’intiment la vigilance. L’erreur me coûterait cher.
Gîte Le Sauvage
Cette ancienne commanderie des templiers située sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle est le lieu parfait pour passer la nuit au chaud et refaire le plein avant de reprendre la route. Un collectif d’agriculteurs qui a décidé de faire revivre ce site historique et assure l’approvisionnement en produits locaux.
Tarifs : 17,5€/36€ par personne (nuitée simple/demi-pension)
Adresse : Départementale 587, 43170 Chanaleilles
Tél : 04 71 74 40 30
Mel : domainedusauvage@orange.fr
Web : sauvage-en-gevaudan.com
Les forêts de Margeride
Sur les flancs de la Margeride, je suis les chemins d’entre deux, entre prairies rocailleuses et sapinières. Dans l’ombre des forêts, des cadavres de troncs débités pourrissent sous les branches. Cette terre d’estive ne rit plus des cloches des brebis. Rien que le vent de la liberté soupirant dans les branches.
Le premier village, Saint Paul Le froid, disparaît loin dans la plaine. À mille quatre cent mètres d’altitude, le froid est piquant, l’air limpide, le ciel lacté.
La mémoire du Gévaudan
J’atteins les confins du Languedoc et de l’Auvergne. Les blocs de granit massifs ont laissé place à des pierres qui s’éboulent et rendent les chemins pentus de la GTMC impraticables. Je me suis trompé de véhicule. Sur la place de Paulhac en Margeride, c’est un ballet sonore de 4×4, de quads et de tracteurs.
L’église est ouverte. J’y fais une pause pour recharger mes batteries et celles de mes appareils. Trois cierges sont allumés. La foi en Dieu est donc encore vivace ici ? C’est que je ne suis pas n’importe où.
Le 10 juin 1767, un grand pèlerinage a lieu à Notre Dame de Beaulieu. Toute la région vit dans la peur d’une bête qui fait des dizaines de victimes et terrorise la région. Une battue est organisée et trois balles coulées avec des médailles saintes sont bénies.
Sous le porche de l’église, on peut lire le récit du moment fatidique :
« Notre Dame, délivrez le pays de la bête du Gévaudan. »
Jean Chastel l’attend, il lit dans son livre d’heures les litanies à la vierge. La bête va vers lui. Il la voit venir et la reconnaît bien. Il termine sa lecture, plie ses lunettes calmement, prend son fusil, épaule et tire.
« Bête, tu n’en mangeras plus ».
Tarantino apprécierait…
L’ascension du Mont Mouchet
Sur le Mont Mouchet, les champs sont défendus par des barbelés, les forêts labourées de traces de tracteurs et jonchées de débris de sapins. Impossible de planter la tente.
Le soleil se couche alors que je cherche toujours où bivouaquer. À la lumière de la frontale, les doigts crispés sur les freins, je dévale tant bien que mal ces sentiers raides creusés de tranchées qui sont autant d’obstacles. Les racines créent des marches cassantes. Mon vélo bondit, mes sacoches rebondissent, mes jantes crissent, je sers les dents et passe comme une balle, à deux doigts de la chute.
Le retour au silence de l’asphalte est une libération. Mes roulements à billes résonnent dans la lumière orange des pylônes électriques. Je pousse jusqu’au premier village – Ruynes en Margeride donc -. Il est onze heure du soir. La ville dort, je ne serai pas dérangé. Je campe sur la place du village, derrière le kiosque à musique. Prêt pour l’ouverture de la boulangerie !
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Commentaires
J’aime beaucoup voyager grâce à de belles photos, merci.
Merci Chantal pour votre message 🙂
C’est un plaisir de vous emmener dans mes bagages !
une vraie rando au milieu de la diagonale du vide… avec de belles rencontres… merci
Merci Laurent 🙂
Oui c’était une belle rando, assez engagée, surtout pour le vélo !
J’ai clairement compris la différence qui séparait un vélo tout chemin (le mien) d’un vélo tout terrain !
[…] Par Matthieu du blog Les Voyages de Mat […]
Super recit et photos ! Tu avais quel genre de velo exactement ?
Merci Germain 🙂 Alors là, je n’ai pas mon vélo sous la main mais c’est un vieux Gazelle retapé et acheté d’occase dans une boutique parisienne. Modèle Bahia ou cayo, je ne sais plus, clairement plus taillé pour la route que pour les sentiers engagés. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut un VTT pour affronter les descentes cahoteuses et truffées de racines qui te dézinguent tout du garde boue aux sacoches en moins de deux.
Ça a l’air vraiment chouette comme itinéraire, ça me tenterait bien car je cherche des itinéraires vélo un peu vallonné. Un VTT est-il vraiment indispensable ou est-ce que ca peut passer en gravel ? Est-ce que le sentier est technique (sur les photos ça a l’air d’aller mais c’est peut etre pas représentatif ^^)
Hello Mathilde ! Si tu cherches des itinéraires « un peu vallonnés », tu vas être servie, voir un peu submergée. Je ne prends en général pas de photos quand je suis concentré sur la route, mais plusieurs fois, j’ai eu droit à des chemins en escalier à cause des racines et à de la pente sérieuse sur des sentiers de forêt creusés de tranchés ici ou là. C’était vraiment sport et j’étais limite avec mon VTC qui a pas mal souffert. Du coup je recommanderais si tu as la possibilité de prendre plutôt un vélo avec des pneus larges et assez costaud. Ensuite, moi je l’ai fait à VTC et le vélo est toujours là, mais j’ai de la pratique et un peu de technique pour franchir les obstacles… Mes sacoches ont volé une paire de fois, ça te donne une idée de l’engagement requis 😉