Avec ses soixante-six habitants au kilomètre carré, le Tarn-et-Garonne est le département le plus peuplé de cette diagonale du vide, haut la main. D’Auvillar à Montauban, je quitte avec plaisir les campagnes et leur désert d’hommes. Quelques humains vont venir peupler mes photos. Ça me manquait !
Depuis le début de ce voyage en France, ma notion de ville a un peu changé. Désormais, n’importe quel village pourvu d’une boulangerie, d’une épicerie et d’un quelconque bar-restaurant est un îlot de civilisation qui rompt la solitude du voyage contemplatif et l’austérité du voyage itinérant.
Streetphoto dans les villes de Tarn-et-Garonne
À Auvillar, vieilles pierres et lumière estivale. L’endroit compte parmi les plus beaux villages de France et les premiers touristes sont au rendez-vous. Le Tarn-et-Garonne commence bien.
Le cloître de Moissac, chef d’oeuvre du XIIème siècle, est un décor idéal. On s’extasie devant les têtes de chapiteaux sculptés, on se ressource à l’ombre du cèdre sous le regard nostalgique du prophète Jérémie.
Le long du canal du midi, c’est déjà les vacances. Pique nique, chapeaux de pailles et balades à vélo. Je ne suis pas seul sur la route ! (L’itinéraire de Toulouse à Montauban à découvrir chez les collègues cyclistes d’Un monde à vélo)
Cloître de Moissac
Adresse : 6 Place Durand de Bredon, 82200 Moissac
Horaires : 14–17h de novembre à mars, 10–12h et 14–18h d’avril à juin , 10–19h de juillet à septembre.
Tarif : 6,50€ / 4,50€
Tél : 05 63 04 01 85
Web : tourisme-moissac.fr
Ancien carmel de Moissac
Une très bonne adresse connue des pèlerins de Compostelle, qui trouvent ici un havre de paix. Nombreux services, pension complète ou semi-complète, dortoirs propres et spacieux, chambres individuelles… Le petit jardin est le petit plus qui fait la différence. Surtout ne passez pas à côté de la rencontre avec Dominique, qui a des histoires incroyables à raconter, tous les soirs dans la chapelle du carmel.
Adresse : 5 sente du Calvaire, 82200 Moissac
Tarif : 15€
Tel : 05 63 04 62 21
Mel : contact@lanciencarmelmoissac.com
Le long du canal du midi
Des silos, des usines et le bruit des voitures. Passé Castelsarrasin, l’atmosphère est un entre deux : plus vraiment la ville, pas vraiment la campagne.
Alors que la pleine lune se lève, je cherche en vain l’endroit tranquille où planter ma tente. Je finis par m’installer le long du canal à l’abri du feuillage. La pluie est prévue pour demain.
Le Tarn et Garonne est le verger du sud-ouest, j’ai fait quelques provisions au marché. Je dîne au bord de l’eau d’une pomme et d’un reste de radis.
Championnat de pêche
Des parapluies sont alignés le long du canal. C’est l’épreuve régionale du championnat de France de pêche, troisième division. Le regard de Claude se perd dans l’eau :
« Des bébés poissons chats et des brèmes. Je ne fais que ça depuis ce matin. Une fois qu’on tombe sur un banc, tout le reste, c’est du poisson chat. »
Le bouchon disparaît. Une prise minuscule gigote au bout de la canne immense. Il la ramène machinalement sur le bord, soupire, relance une amorce, replonge son bouchon dans l’eau. La pluie tombe toute droite, le vent souffle en bourrasques horizontales. Sal temps pour les pêcheurs !
« la pêche, c’est plus physique que le rugby, je vous le dis ! Ça dure neuf heures ! Ce matin, avec l’orage, un concurrent a retrouvé toute son installation de l’autre côté du canal. »
J’en sais quelque chose… Le vent a aussi eu raison de ma tente. L’arceau, fissuré de toute part, est définitivement hors d’usage. Privé d’abris, j’avance sous l’eau jusqu’au prochain village : Montech.
Bistrot Constant
Installé dans l’ancienne de l’éclusier, au bord du canal, cuisine de saison, fraîche, élégante et goûteuse. On y déjeune, on y goûte, on y dîne. Œuf mollet croustillant, poireaux, vinaigrette cendrée, crumble de lard, ça vous dit ?
Tarifs : de 19 à 37€ selon la formule
Adresse : 25 Rue de l’Usine, 82700 Montech
Horaires : 8–10h, 12–14h, 15–19h, 19–22h
Tél : 05 63 24 63 02
Mel : bistrotconstant@maisonconstant.com
Web : maisonconstant.com
L’organiste de Montech
Elisabeth m’a reconnu dans le journal.
« Mathieu ! Après avoir fait la une des journaux, ce soir je vous offre le couscous ! »
Mon voyage enthousiasme cette femme née en Algérie qui aimerait tant voyager. Mais son mari Philippe n’est pas du bois dont on fait les navires. Sa nef à lui est celle de l’église du village. Organiste et carillonneur, Philippe tient le pupitre tous les dimanches à la messe.
Il me propose la visite comme on proposerait un tour de manège. Manettes, tirettes, boutons… Trompettes, voix, bourdons… On teste tous les jeux. Je jetterais bien un œil sous le capot. Il suffisait de demander. Philippe adosse l’échelle au buffet, fais jouer les morceaux de bois qui tiennent le grand panneau arrière. Nous pénétrons dans la pénombre d’une forêt de tuyaux de bois et de métal. De moi ou de lui, je ne sais pas lequel est le plus heureux.
Elizabeth n’est pas près de partir en voyage…
Bougies et confettis à Montauban
« Jeune homme… JEUNE HOMME !!! »
La voie, alcoolisée, résonne entre les façades. Je sens bien qu’il faut que je me retourne.
« Je vois que vous êtes à la rue… »
Ce n’est pas complètement vrai. J’ai trouvé un couchsurfing pour la nuit et je suis en route vers le logement de mes hôtes, le Carrix à ma suite.
« Voici quelques bougies. Elles vous seront utiles. On a toujours besoin de lumière. »
Je suis touché par le geste mais ce cadeau sent le coup fourré. Je ne voudrais pas vexer mon peut-être généreux bienfaiteur. J’hésite, ouvre le sac au bénéfice du doute. Sur une dizaine de bougies d’offrandes, Sainte Thérèse de bon secours me salue.
J’accepte le présent avec reconnaissance et file à la cathédrale toute proche remettre les lumignons dans le présentoir où ils ont été « empruntés ». Je ne manque pas d’en allumer un à la santé des buveurs.
Sur la place nationale, on célèbre le carnaval. Les ballons flottent, les confettis volent.
Auberge du fort
La résidence du Fort regroupe au cœur de la ville de Montauban une auberge de jeunesse, un établissement d’hébergement pour personnes âgées valides et autonomes, un restaurant, un jardin animé et une galerie d’exposition. Chambres de 4 lits maximum.
Adresse : 5 Rue du Fort, 82000 Montauban
Tarif : 20€ (avec le petit-déjeuner)
Tel : +33 5 63 21 26 00
Mel : accueil@residence-du-fort.com
Web : lefort.online
Les journalistes
« À quoi on pense quand on marche ? »
Je suis l’invité de l’émission « À qui le tour » sur RCF et son présentateur Rémy Torroella me pose cette question à laquelle je ne sais pas trop quoi répondre.
La plupart du temps, j’écoute le chant du grillon, j’ajuste les sangles de mon Carrix et je me perds dans la contemplation de ce qui m’entoure. Quand je marche, je ressens plus que je pense. La marche est une méditation en action.
Le simple fait de mettre un pied devant l’autre, de ressentir mon corps, d’être pleinement présent… Mon plaisir de la marche se résume à ça. Et puis, aussi, à m’affranchir des routes et de leurs itinéraires utilitaires pour suivre les sentiers qui mènent on ne sait pas trop où.
Place au voyage
À la veille de mon départ, je me penche sur les cartes pour essayer d’imaginer un semblant d’itinéraire pour les jours à venir. Mes plans – un portrait, une descente en canoë – tombent à l’eau avec les averses des derniers jours. Pied de nez du destin, je passe mon temps à dire que le vrai voyage commence quand on ne sait pas où l’on va.
Place au vrai voyage donc !
Commentaires
Bonjour Matthieu
Merci pour ces instants de voyage à pied et leur partage.
Alors, finalement, le Carrix : bien après réglages et adaptation ? On se pose la question.
Bien amicalement
Antoine et Fanny ( entre Le Havre et Etretat, au bord du vide, donc !)
Merci Antoine et Fanny 🙂
Oui, bien le Carrix. Le système « allège » vraiment le dos et les genoux. Sans, je n’aurais tout simplement pas pu continuer mon voyage.
Sur du chemin roulant ou sur la route, rien à redire, c’est parfait, une fois compris la manière de le régler.
Sur des pentes caillouteuses et escarpées, par contre, ça devient vite pénible. Pour passer de causses en causses en Lozère, par exemple, j’ai finalement choisi le vélo 😀
Si vous n’avez pas prévu de faire de la montagne, en gros, c’est une super solution !
Bonnes balades (au bord du vide, au milieu ou sur les côtés !)
Mathieu
Superbe récit de voyage, j’aime toujours autant ce côté petits villages de France ! Bon courage pour la suite !
Merci Anne 🙂
Moi aussi j’aime toujours autant. Les villes sont mes oasis entre deux traversées du désert (au delà d’une boulangerie, d’un resto et d’un bar, je parle de ville) !
Merci pour le courage, tout est trop beau pour que j’en manque 😉
À bientôt !