Beelitz, temple de l’urbex berlinoise

Un ancien sana­to­rium perdu au milieu de la forêt, des bâti­ments classés patri­moine histo­rique, une atmo­sphère de ville fantôme… Pour les amateurs d’ex­plo­ra­tion urbaine, Beelitz-Heil­statten est un must.

Pour les amateurs d’exploration urbaine, Beelitz-Heil­statten est un must de la disci­pline. Cet ancien sana­to­rium perdu au milieu de la forêt a des allures de ville fantôme… et le charme fasci­nant d’un lieu abandonné.

Le train s’éloigne, pour­suit son itiné­raire dans la campagne du Bran­den­burg. Il est 8 heures à peine, la lumière est douce et une odeur de sève capi­teuse finit de me réveiller. Les ombres de la forêt dispa­raissent derrière un voile vapo­reux. Berlin est à 50 km.

En longeant les clôtures qui mènent à l’entrée du bloc A, j’ai un peu le trac. Mon imagi­na­tion saute joyeu­se­ment de poubelles de viscères palpi­tantes en tables d’opération ensan­glan­tées. On ne visite pas tous les jours un sana­to­rium aban­donné en plein milieu de la nature.

Beelitz-Heilstatten, sanatorium et ville fantôme

Beelitz-Heil­statten est un haut lieu de l’exploration urbaine. L’architecture de cet ancien hôpital tombé en disgrâce n’est plus un secret pour les photo­graphes et les fans d’urbex. Faut-il déjouer les plans de vigiles atten­tifs pour y péné­trer ? Esca­lader des barrières et se glisser dans les inter­stices d’un laby­rinthe ? Le mystère ajoute du piquant à la visite.

Au détour d’une clôture, une façade appa­raît dans une trouée de végé­ta­tion. Émotion. La silhouette orgueilleuse d’un grand bâti­ment au clocheton élégant.

Eventré.

La grille grince. Bruits à l’intérieur. Les gouttes qui courent le long des poutres ricanent en m’observant. Sous mes semelles, les gravas rendent le sol incer­tain. Je marche à petit pas. J’ai peur de réveiller les fantômes.

Exploration urbaine et décor de théâtre

Chaque pièce est une scène inerte et surréa­liste. Lit déglingué sous la lumière d’une verrière. Frigo béant et soli­taire. Chaise tordue. Les objets sont les derniers pension­naires du lieu. Ils semblent murmurer des histoires.

Des couloirs infinis tracent des lignes de fuite lumi­neuses. Toutes les portes sont ouvertes. La lumière se propage par chaque ouver­ture et pour­tant le bâti­ment semble imploser. Une dentelle de verre orne les montants des fenêtres. Du plafond, des lustres-néons s’accrochent maladroi­te­ment. Partout, la rouille dévore en silence les tableaux élec­triques et les placards vides.

On devine les salles d’opération carre­lées de blanc. La pein­ture écaillée dessine d’étranges cartes sur les murs. Un réseau de couloirs souter­rains invite à se perdre dans l’obscurité. Tout s’écroule comme un monde.

Un temple vivant de l’urbex berlinoise

Pour­tant, le lieu est vivant. Les visi­teurs succes­sifs laissent leurs traces : tags sur les murs, instal­la­tions artis­tiques, rites obscurs, bars pour soirées provi­soires… Chacun s’approprie les bâti­ments à sa manière, dans l’illégalité la plus totale. Bien que classé au patri­moine histo­rique, l’hôpital de Beelitz-Heistatten se trans­forme au gré des visites.

A l’extérieur, la végé­ta­tion reprend ses droits et défend l’accès aux ruines. Le toit du centre de soin pulmo­naire pour femmes, dévasté par un incendie durant la seconde guerre mondiale, offre un spec­tacle incroyable. Un esca­lier lance des marches vers le ciel. Des seuils marquent la sépa­ra­tion entre deux espaces vides. Et dans un chaos de poutrelles métal­liques, une forêt pousse sur les ruines du bâti­ment, vingt mètres au dessus du sol.

En une journée d’exploration sans relâche, je ne viens pas à bout de la moitié du site. La patronne du petit café où j’attends le train retour pour Berlin semble aussi fière du calen­drier 2014 des plus belles photos du sana­to­rium que de ses gaufres aux fraises. Surprise et décep­tion ! Je n’ai vu prati­que­ment aucun des endroits photo­gra­phiés. La partie la mieux conservée se trouve à l’est de la route qui coupe le site en deux. Ce sont les bâti­ments dédiés aux hommes qui sont le clou du spec­tacle (voir la carte de Beelitz sur le site de forbidden places). Il faudra revenir…

Commentaires

Merci Marie 😀 C’est vrai­ment un endroit de ma-lade !!! J’au­rais pu passer trois jours sur place à fouiller tous les recoins. Sans parler des sous-sols (mais bon avec un mobile pour seule lumière, c’était pas sérieux…)

Hello Greg ! Voici les coor­don­nées GPS : 52.2614965,12.921946. Tu rentres ça dans Google maps et tu auras l’emplacement exact de Beelitz-Heil­stätten. Dans les infos pratiques, j’ai mentionné les infos néces­saires pour se rendre sur place en trans­port en commun (le plus simple, c’est direct !). Tu trou­veras égale­ment un lien vers une carte de l’en­droit à la fin de l’article.
Pour info, je n’ai visité que les parties situées à droite de la voie ferrée (zones A et B sur la carte). Les parties les plus inté­res­santes (paraît-il) sont les zones C et D. J’ai prévu d’y retourner du coup ! Bonne visite et tien moi au courant si tu as réussi à visiter l’endroit !

Merci Maxime 🙂
Je pense que ce sont des visi­teurs qui sont venus ensemble et qui ont voulu laisser une trace fugace de leur passage et du bon moment qu’ils ont passé (peut-être sur le toit, il y a avait les restes d’une petite fête impro­visée). Je trouve que c’est une bonne idée !

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