Observer les animaux au parc national des forêts

Observer les animaux, dormir dans la forêt, écouter les bruits de la vie sauvage… À Aube­rive, les nuits sont magiques, l’ex­pé­rience inoubliable. 

Je passe­rais des heures à observer les animaux sauvages. Mais depuis le début du voyage, ils jouent à cache-cache. Dans cette partie où je suis le loup, je perds à chaque fois et mon appétit ne cesse de grandir. J’espère le satis­faire aux tanières d’Auberive, en plein coeur du parc national des forêts de Cham­pagne et Bourgogne.

Enfouies dans la terre au cœur d’une vallée sauvage du parc national des forêts, les tanières d’Auberive permettent d’observer les animaux sans les déranger. Avec une densité de quatre habi­tants au km2, ce sont eux sont les véri­tables maîtres des lieux. Une biche. Un renard. Un chevreuil. Je vois des formes loin­taines dispa­raître derrière le talus. J’entends bruisser les feuilles. Ces appa­ri­tions fugaces me laissent sur ma faim. Pire, elles aiguisent mon appétit.

Au coeur du parc national de forêts

Jean-Yves Gous­tiaux connaît toute la magie de ces rencontres avec la vie sauvage. Plus jeune, il a passé un mois dans la forêt pour recenser les chevreuils.

« Ce qui était fasci­nant, c‘était de sentir resurgir en moi des choses que je croyais éteintes. Au bout d’un mois, tous mes sens étaient bien plus affûtés, ma lecture du terrain beau­coup plus précise. »

Mon instinct ne demande qu’à être réveillé.

Par ici !

Une nuit dans un perchoir

Cette nuit là, je dors dans un perchoir. Juchée sur des pilotis, la struc­ture de métal et d’osier du « nid d’Amorey » domine la vallée et s’ouvre sur le ciel.

Le vent est tombé avec le lever de la lune. J’entends le souffle lourd de la forêt qui respire. Craque­ment d’une brin­dille. Chuchot­te­ment des feuilles. Les notes haut perchées des crapauds percent le silence dans un style télé­gra­phique. Quelques hullu­le­ments résonnent à distance. Les stri­du­la­tions des grillons font vibrer l’air comme s’il scintillait.

Je ne vois rien, j’entends tout. Mes oreilles sont mes yeux. Je me sens parfai­te­ment présent.

Parfois, comme une surprise, le rythme syncopé d’un pas léger. Glis­se­ment dans les feuilles. Silence. Craque­ment brusque, terre qui résonne sourde, la caval­cade s’éloigne, et puis de nouveau, retour au plain chant de la forêt.

La lumière de ma lampe fait l’attraction. Que se passe-t-il en l’air ? Que se passe-t-il en bas ? J’ai toute la nuit pour écouter vibrer ce monde.

L’instinct du chasseur de photos

J’emprunte les gale­ries végé­tales qui percent la forêt commu­nale la tête encore toute pleine de la nuit précé­dente. Je n’ai rien vu mais j’ai expé­ri­menté l’invisible.

Une odeur sucrée de foin mouillé sature l’air. Les feuilles détrem­pées étouffent le bruit de mes pas. Perdu dans mes pensées, je mets quelques secondes avant de me figer net. À cent mètres, deux biches avancent d’un pas prudent. J’ai rêvé de ce moment. Mon appa­reil photo est prêt. J’enlève sans bruit le capu­chon de l’objectif. À pas de loups, j’avance dans l’ombre du sous-bois.

Que s’est-il passé ? Qu’ont-elles vu ? Entendu ? Les deux formes relèvent la tête, rebroussent chemin, dispa­raissent à couvert. Je me glisse avec lenteur jusqu’au lieu de l’apparition. Évanouies. Immo­bile, silen­cieux, tous mes sens sont en alerte.

Observer les animaux… Dans le viseur !

Un jappe­ment survient sur ma droite. Les deux biches sont là, à dix mètres. Bruit de course à travers les branches. Je ne vois rien mais, comme cette nuit, mes oreilles seront mes yeux. Je suis le vacarme qui se déplace à toute allure et shoote à l’aveugle dans le fatras indis­tinct de branches et de feuilles qui défilent devant mon objectif. Une forme bondis­sante se découvre soudain dans l’ombre du chemin. En quelques bons grâcieux, elle dispa­raît de mon viseur. La scène n’a pas duré 10 secondes !

Aurais-je été plus ébahi de voir un zèbre, un buffle ou un rhino­céros ? Je ne crois pas. L’excitation de la traque et l’émerveillement d’avoir retrouvé, l’espace d’un instant, le monde sauvage sont les mêmes.

A lire aussi : Le parc national de forêts à vélo

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Commentaires

Quelle magni­fique étape ! Ce devait être palpi­tant cette nuit, perché dans la forêt.
Bises, Martine

Halala Martine ! C’était fou ! J’ai passé deux heures à écouter la forêt, complè­te­ment hypno­tisé par tous ces sons.
L’en­re­gis­tre­ment rend un 100ème seule­ment de tout ce qu’on entend…
Je me suis même fait une petite sortie nocturne malgré la peur de rencon­trer des sangliers pour aller enre­gis­trer les crapauds et leur petite voix haut-perchée. Ça valait le coup !
Bises !

C’est mon rêve en ce moment de dormir dans une cabane perchée, juste pour le plaisir de vivre en pleine nature le temps d’une nuit<3

Oui, pour s’évader, c’est le rêve !
Mais si tu n’as pas de cabane sous la main, pour vivre une nuit en pleine nature, tu peux tout simple­ment faire du camping sauvage.
Ça marche très bien aussi, les bruits sont justes un peu plus… Proches de la tente 😉

J’adore ton article Mat.
Et puis ton fond sonore… trop bien. J’écoute là, devant mon ordi­na­teur ces bruits repo­sants, tout en te lisant, et en essayant de ressentir ce que tu as vécu.
Très bel article, vraiment !

Merci beau­coup Seb 🙂
Je suis content que le son t’ait fait voyager. C’est lui qui m’a emporté cette nuit.
Pour la biche, en revanche, j’avais besoin de mes yeux ! A ce propos, j’ai assisté il y a peu au brâme du cerf. En matière de son, c’est une expé­rience in-croy-able qu’il faut faire au moins une fois dans sa vie. J’en ai encore des frissons !

C’est marrant que tu me dises ça, nous aussi on a entendu notre premier récem­ment, lors de notre dernière virée aux Etats-Unis, il y a quelques semaines. C’est beau et surtout hyper impressionnant !
Bon ta prochaine mission, c’est donc de nous ramener un petit enre­gis­tre­ment audio alors 🙂

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