La traversée du plateau de Langres

De Coiffy à Aube­rive, randonnée en Haute Marne sur le GR 7. Entre liberté soli­taire de la randonnée nature et plai­sirs gour­mands du pays de Langres.

Lancé sur le GR 7, je navigue de port en port. Entre la liberté soli­taire de la rando nature et les plai­sirs sophis­ti­qués des villes-étapes, le voyage est un éternel recommencement.

Des vignerons connectés

Des abeilles volètent dans la cave autour de la machine à embou­cher. Le vin de fleur les rend folles. Pierre, en bottes, s’active autour des bouteilles qu’on entend mousser de plaisir.

Des anges volètent dans la maison, accro­chés aux murs, posés sur des tables. Entre les cartons de vins, Florence sélec­tionne les tableaux qu’elle expo­sera le lende­main à l’occasion de la journée portes ouvertes. Tons roses, frais, sucrés. Elle avoue qu’elle pour­rait ne faire des repas que de desserts.

À Coiffy-le-haut, le vin que Florence et Pierre Pelle­tier produisent est à leur image, chargé d’énergie et de bonnes inten­tions. Autour d’une table couverte de fromages et de bouteilles, Pierre m’écoute les yeux fermés. Pour­quoi je pars ? Qu’est-ce que je cherche dans ce voyage ? Mes réponses n’ont pas l’air de le satisfaire.

« Tu trou­veras le vrai but de ton voyage en route, mais j’aimerais bien te faire gagner du temps. »

Je suis un peu troublé. Le lende­main, une phrase surgit en écho :

« Ce n’est pas la montagne que nous conqué­rons, c’est nous même. »

Le GR7, l’autoroute des randonneurs

Il fait moche et venteux et les paroles de « Mexico » me trottent dans la tête. Allez comprendre…

J’ai branché le pilote auto­ma­tique. Pour une fois, pas de ques­tions à se poser sur l’itinéraire. Les petites marques rouges et blanches qui balisent le GR7 passent à Coiffy et tirent à travers bois jusqu’à Aube­rive, de l’autre côté du département.

À travers la forêt de Varenne, j’emprunte le chemin des sorciers. Le soleil découpe des silhouettes tortueuses dans l’ombre du feuillage. De la pous­sière d’or scin­tille au bout de couloirs végé­taux inter­mi­nables. Murs de pierres, ponts vermoulus… Je suis sous le charme.

À l’orée de la forêt, les vergers sont l’occasion de poser le sac et de marauder quelques fruits pas encore mûrs. Mes jambes fatiguent, je cherche des prétextes. Allongé sous la tente, satis­fac­tion du corps fatigué, au repos. L’horizon nu du plateau de Langres s’étirera demain sous un ciel immense.

J’éprouve un senti­ment de pléni­tude à vivre ainsi au contact de la nature.

Langres, ouverte aux quatre vents

D’autres plai­sirs s’offrent en ville. Raffi­ne­ment d’une tarte au citron merin­guée, frisson d’un concert d’orgue (la musique me manque !), confort d’un matelas et d’une chambre sans insectes, joie d’une discus­sion au hasard des rencontres.

Chaque retour à la civi­li­sa­tion est une petite fête éphé­mère. Quand le luxe d’une table bien garnie et d’une nuit tran­quille est devenu la norme, je ressens l’appel de la route. Lorsque la fatigue et l’inconfort du voyage s’accumulent revient le fantasme d’un toit protec­teur et d’une douche chaude. Pour moi, tout l’intérêt du voyage réside dans ce mouve­ment de balan­cier. L’équilibre est subtil.

Langres est un port terrestre. Des remparts, la ville-bateau domine une mer de collines qui moutonne à des kilo­mètres. Il est déjà temps de reprendre le large !

Le livre d’un voyage exotique en France

Peut-on faire un voyage exotique dans son propre pays ? Pour y répondre, j’ai traversé la France à pied à travers la diago­nale du vide.

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