Lancé sur le GR 7, je navigue de port en port. Entre la liberté solitaire de la rando nature et les plaisirs sophistiqués des villes-étapes, le voyage est un éternel recommencement.
Des vignerons connectés
Des abeilles volètent dans la cave autour de la machine à emboucher. Le vin de fleur les rend folles. Pierre, en bottes, s’active autour des bouteilles qu’on entend mousser de plaisir.
Des anges volètent dans la maison, accrochés aux murs, posés sur des tables. Entre les cartons de vins, Florence sélectionne les tableaux qu’elle exposera le lendemain à l’occasion de la journée portes ouvertes. Tons roses, frais, sucrés. Elle avoue qu’elle pourrait ne faire des repas que de desserts.
À Coiffy-le-haut, le vin que Florence et Pierre Pelletier produisent est à leur image, chargé d’énergie et de bonnes intentions. Autour d’une table couverte de fromages et de bouteilles, Pierre m’écoute les yeux fermés. Pourquoi je pars ? Qu’est-ce que je cherche dans ce voyage ? Mes réponses n’ont pas l’air de le satisfaire.
« Tu trouveras le vrai but de ton voyage en route, mais j’aimerais bien te faire gagner du temps. »
Je suis un peu troublé. Le lendemain, une phrase surgit en écho :
« Ce n’est pas la montagne que nous conquérons, c’est nous même. »
Les caves de Coiffy
Pour les amateurs de vin, la cave de Coiffy est une bonne adresse. Ici, on respecte la vigne et le vin. Agriculture biologique et biodynamie sont le motus de Pierre et Florence Pelletier. Les vins de fleurs et l’hypocras sucré font l’originalité de la maison, mais toute la production est réalisée avec la même intention : répandre des bonnes vibrations. Ça marche plutôt pas mal…
Contact : Florence et Pierre Pelletier
Adresse : 3 rue des Bourgeois, Coiffy le haut
Tel : 03 25 90 21 12
Mel : caves-de-coiffy@wanadoo.fr
Web : coiffy-florence-pelletier.com
Le GR7, l’autoroute des randonneurs
Il fait moche et venteux et les paroles de « Mexico » me trottent dans la tête. Allez comprendre…
J’ai branché le pilote automatique. Pour une fois, pas de questions à se poser sur l’itinéraire. Les petites marques rouges et blanches qui balisent le GR7 passent à Coiffy et tirent à travers bois jusqu’à Auberive, de l’autre côté du département.
À travers la forêt de Varenne, j’emprunte le chemin des sorciers. Le soleil découpe des silhouettes tortueuses dans l’ombre du feuillage. De la poussière d’or scintille au bout de couloirs végétaux interminables. Murs de pierres, ponts vermoulus… Je suis sous le charme.
À l’orée de la forêt, les vergers sont l’occasion de poser le sac et de marauder quelques fruits pas encore mûrs. Mes jambes fatiguent, je cherche des prétextes. Allongé sous la tente, satisfaction du corps fatigué, au repos. L’horizon nu du plateau de Langres s’étirera demain sous un ciel immense.
J’éprouve un sentiment de plénitude à vivre ainsi au contact de la nature.
Le GR7
Le GR7 traverse la France en diagonale, des Vosges jusqu’à Andorre, sur 1500 km. Il longe la ligne de partage des eaux qui sépare les bassins versant de la mer Méditerranée et de la mer du Nord-Manche-Atlantique. C’est donc un itinéraire de crête qui réserve quelques beaux points de vues. Le parc naturel régional des Monts d’Ardèche a conçu un itinéraire artistique sur cette thématique du partage des eaux. 6 œuvres à ciel ouvert, 6 artistes contemporains et 6 sites exceptionnels à découvrir.
Contact : Maison du parc
Adresse : Domaine de Rochemure, 07380 Jaujac
Tél : 04 75 36 38 60
Web : lepartagedeseaux.fr
Langres, ouverte aux quatre vents
D’autres plaisirs s’offrent en ville. Raffinement d’une tarte au citron meringuée, frisson d’un concert d’orgue (la musique me manque !), confort d’un matelas et d’une chambre sans insectes, joie d’une discussion au hasard des rencontres.
Chaque retour à la civilisation est une petite fête éphémère. Quand le luxe d’une table bien garnie et d’une nuit tranquille est devenu la norme, je ressens l’appel de la route. Lorsque la fatigue et l’inconfort du voyage s’accumulent revient le fantasme d’un toit protecteur et d’une douche chaude. Pour moi, tout l’intérêt du voyage réside dans ce mouvement de balancier. L’équilibre est subtil.
Langres est un port terrestre. Des remparts, la ville-bateau domine une mer de collines qui moutonne à des kilomètres. Il est déjà temps de reprendre le large !