La Sologne, côté forêt

Balade roman­tique dans la forêt de Sologne. Entre cerfs et chas­seurs, poètes et apicul­teurs, itiné­raire de Mehun-sur-Yèvre à Neuvy-sur-Barangeon.

La forêt de Sologne a mis son manteau d’automne. En chemin, des rencontres colo­rées pimentent la balade roman­tique. Éleveurs, apicul­teurs, poètes, chasseurs…

À Mehun-sur-Yèvre, nous quit­tons les eaux dormantes du canal de Berry à la lisière de la forêt de Sologne. Sous le ciel bleu, l’ambiance est celle d’une prome­nade du dimanche. La nuit chez les footeux a laissé quelques traces. Nos yeux cernés nous orientent vers le confort d’un bon lit.

À la ferme des places, Béatrice nous accueille en bottes, entre deux traites de chèvres. Le revenu qu’elle tire de son acti­vité laitière ne suffi­rait pas à la faire vivre. Le gîte assure la moitié de ses gains. Label­lisé « accueil paysan », il met l’accent sur la qualité des produits – la ferme est certi­fiée agri­cul­ture biolo­gique – et de l’accueil.

Sur la table du petit déjeuner, dressée dans la pelouse enso­leillée, les produits parlent d’eux-mêmes. Tout est frais et déli­cieux, à commencer par les maîtres des lieux. Si les couleurs d’automne n’étaient pas si tentantes (et notre budget si serré), on reste­rait pour le week-end.

La forêt de Sologne

Sous la lumière de l’automne, la forêt est magique. Le chemin, constellé de cham­pi­gnons. Des parcelles privées réser­vées à la chasse gênent notre progres­sion et nous rabattent vers l’ennui d’une route goudronnée. Nous finis­sons par braver un panneau chemin privé, longeons la barrière déli­mi­tant une réserve de chasse. Partout, des traces de sangliers. Le gibier doit nous épier.

Une trouée dans la palis­sade et nous voilà de l’autre côté. Le soleil rasant enflamme la plaine. Deux cerfs approchent à décou­vert, se figent, nous toisent d’un regard impé­rial. Le temps suspend son vol. Un sanglier qui passait par là disperse l’ennemi d’une charge non convaincue et dispa­rait lui aussi dans la forêt. Ouf !

Les chasseurs

Le véri­table ennemi fond sur nous depuis le bout du sentier fores­tier. À notre hauteur, la fenêtre du 4×4 se baisse. Le ton n’est pas aimable, l’haleine un peu chargée, le regard réprobateur.

« C’est donc ça ? Deux bipèdes qui font fuir le gibier et mettent fin à la traque ? Alors main­te­nant vous faites demi-tour – Non, pas par là – vous rega­gnez la route et vous sortez de nos terres ».

Faire demi-tour, pour un marcheur, c’est toujours une défaite. Mais la petite répri­mande a un goût de victoire. Sans le vouloir, nous avons sauvé la vie des deux cerfs. Le goudron ne nous enchante guère, mais le hasard fait bien les choses…

Le miel

« Je peux vous prendre en stop, mais vous êtes arrivés. Le village n’est plus qu’à 500 mètres d’ici ».

Boris a voyagé plusieurs mois en Australie. Comme autos­top­peur, il a été accueilli chez les gens plus d’une fois.

« Si vous voulez, aujourd’hui, c’est moi qui vous accueille. Ma maison n’est pas chauffée mais vous y serez à l’abri. »

Le salon est encombré de cadres, la chambre dispa­raît sous les cartons, le bureau regorge de rayons et d’essaims en attente. Boris est apicul­teur – par choix – et veilleur de nuit – par néces­sité. Ses 90 essaims sont un début – il lui en faudrait cent vingt pour vivre de sa récolte – mais la journée a été bonne. Il revient d’un salon où il a vendu tout son miel !

Dans la cuisine, il y a des légumes et des oignons. Nous avons de la semoule et du bouillon… Kat impro­vise un cous­cous. Ça sent la bonne soirée.

Boris, apiculteur à Neuvy-sur-Barangeon

Les grands chemins

Et puis il y a le pote Manu qui débarque du train. Lui, il dort dans son camion. Un timide. Diplômé de philo, profes­seur de sport. Apprenti-apicul­teur, aler­gique aux piqûres d’abeille. Fonc­tion­naire, révolté contre l’état. Il a l’air de se débattre avec la vie.

Et puis il sort sa guitare et se met à chanter… Sa chanson nous accom­pagne sur les grands chemins de la forêt de Sologne.

Sur le sentier en direction de Vierzon

Le livre d’un voyage exotique en France

Peut-on faire un voyage exotique dans son propre pays ? Pour y répondre, j’ai traversé la France à pied à travers la diago­nale du vide.

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Commentaires

Encore de belles rencontres (si on excepte ce chasseur…caricature du chas­seur) et une bien belle aven­ture qui me tient toujours autant en haleine. Merci pour le partage

Hello Seb ! Merci de suivre l’aven­ture, ça lui donne d’au­tant plus de sens 🙂
Effec­ti­ve­ment, pour le moment, je n’ai pas encore rencontré le chas­seur plus amou­reux de la nature que de son fusil. Mais je compte bien le trouver. Je sais qu’il y en a.
À bientôt !

Salut Matt ! Super la Sologne et j’adore ces photos ! Surtout la 6eme (magique celle la !) et la derniere 😉 J’es­pere que tu vas bien et que ton periple se passe bien. A bientot !
Chris

Hey Chris ! Ça fait plaisir. Aaaaah, l’oeil du photographe 😉
J’ai adoré la Sologne oui ! La chance nous a collé aux basques de bout en bout.
Plus de nouvelles par mail. J’ar­rive bientôt par chez toi ! Yeeepppaaaaaaaaaa…

Bonjour Matt, 🙂
Que de magni­fiques photos encore une fois !
Tes rencontres ne sont pas tristes ! J’ai bien rigolé avec cette histoire…
Continue comme ça !
Vincent.

Haha 🙂 Merci Vincent ! Moi aussi j’ai un peu rigolé…
Je me régale avec ces rencontres sorties de nulle part. Vive les voyages impro­visés et les hasards de la route !
À bientôt,
Mat

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