L’Yonne, sur la terre comme au ciel

Une nuit dans une grotte, un camping très nature, un peu d’éso­té­risme et un vol en ballon. D’Avallon à Vézelay, l’Yonne se découvre sur la terre comme au ciel.

Une nuit dans une grotte, un camping très nature, un petit cours d’ésotérisme et un vol en ballon. D’Avallon à Vézelay, de rencontres en rencontres, l’Yonne se découvre sur la terre comme au ciel.

Des routes désertes tirent à travers des paysages de champs ondulés. La course des nuages chassés par le vent souligne les courbes du relief. Il a plu toute la matinée mais je ne suis pas inquiet. Cette nuit, je sais que je dormirai à l’abri et à la chaleur d’une flamme dansante. J’ai réservé une… grotte !

L'Yonne, sur la terre comme au ciel - Carnet de voyage en France
L'Yonne, sur la terre comme au ciel - Désert d'homme

La grotte de Champ Retard

Le site est une ancienne carrière. Les hommes ont piqueté la roche blanche pendant plus de mille ans pour en extraire les blocs destinés à la construc­tion. Des piliers de dix mètres de large supportent le plafond de ces gale­ries monu­men­tales. Une puis­sance rassu­rante émane de tout l’édifice.

Nathalie, mon hôte, se désole de m’y laisser seul pour la nuit. Je la rassure. Jouer avec les boutons d’éclairage et les volumes de ce site unique, c’est un rêve de photo­graphe ! Le mouve­ment d’air velouté des chauve-souris et le cri des hiboux seront mes seules distractions.

L'Yonne, sur la terre comme au ciel - Jeux de lumière dans la grotte de Champretard

Parcours d’escalade administratif

Il a fallu de la volonté pour tirer cet incroyable site du sommeil dans lequel il était plongé. Mais Fran­çois Maure n’est pas du genre à laisser tomber. Comme le bout usé de ses doigts le laisse deviner,

« Je ne lâche jamais »

Pour ce spécia­liste de l’escalade, au premier coup d’oeil, le poten­tiel de la grotte de Champ Retard est une évidence. Finan­ce­ment du site, travaux de déblaie­ment, instal­la­tion du parcours… Son rêve devient réalité. Une réalité qui impose aussi des aménagements.

Sous la contrainte de normes absurdes, succes­sives et de plus en plus enva­his­santes, son projet inso­lite et bohême évolue vers quelque chose de plus installé. Des chalets vien­dront remplacer les nuits dans la grotte. Pour l’« anar­chiste civique » qu’il est – la formule est de Barzin­gault – le plus diffi­cile reste le combat admi­nis­tratif.

L’humeur vagabonde

J’arrive chez Hervé et Cathy les doigts encore violet des mûres cueillies sur la route. Fran­çois a orga­nisé la mise en contact. Il a l’air content de lui.

« Hervé, J’ai quelqu’un à te faire rencontrer ! »

C’est une bonne idée, effec­ti­ve­ment. En arri­vant sur leur terrain, le panneau indique : « l’humeur vaga­bonde ». On écoute les mêmes émis­sions de radio. Il y a des signes qui ne trompent pas. Sur ce terrain qu’ils ont aménagé, Hervé et Cathy préfèrent la vie au grand air au confort de leur appar­te­ment d’Avallon.

Et parce que “le bout du monde et le fond du jardin comprennent la même quan­tité de merveilles”, les voyages sont, après la nature, leur seconde raison d’être. Encore quelques petits morceaux d’ADN en commun… Autour du feu, Hervé me refile de précieux conseils pour la traversée du Morvan qui m’attend. Mais pour l’heure, mon prochain objectif, c’est Vézelay.

« Vézelay ? Tu verras, c’est spécial… Il y a des sectes là-bas. »

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Petite bulle de rose

Posté à côté de la fontaine du village de Pontau­bert, je joue les autos­top­peurs lorsque cette drôle de femme toute en blanc s’approche. Elle installe ses jerri­cans sous les tuyaux, juste en face de la petite plaque émaillée : « eau non potable ». Je lui fais remarquer.

« C’est de l’eau de source qui vient direc­te­ment du parc naturel. Tous les anciens s’approvisionnent ici, ce serait dommage de ne pas en profiter, non ? Vous allez loin avec ce gros sac ?
– Vézelay… (je lance un regard inter­ro­ga­teur)
– Je dois être à Clamecy pour 14h. Si vous avez la patience, je vous emmène.

Je décroche en prime une invi­ta­tion à déjeuner. Joce­lyne a la chaleur des gens du nord. Elle croit au partage des éner­gies, à leur circu­la­tion. Bulle de rose – c’est son nom de Qi-cong – dispense l’amour cosmique et tente de recon­necter les gens avec leur moi profond, le corps et l’esprit, la terre et le ciel… Sono­thé­ra­peute, profes­seur de yoga, elle est venue refaire sa vie ici. La nature lui manquait.

« Quand je suis arrivé à Vézelay, j’ai ressenti une énergie puis­sante. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais quand on regarde la ville d’en haut, elle a la forme du ying et du yang. »

Je vais véri­fier ça rapidement…

Vézelay vue du ciel

Il fait frais mais le soleil réchauffe déjà la campagne. Une brume légère plane, les brins d’herbe scin­tillent. Carlos a le regard fixé sur le petit ballon rouge gonflé d’hélium qui s’éleve droit vers le ciel. Après quelques hési­ta­tions, chahuté par le vent, il prend fina­le­ment la direc­tion du Nord-est. Le décol­lage aura bien lieu ici.

Depuis un an, Carlos est pilote pour France Mont­gol­fière. A son signal, les deux véhi­cules tout terrains inves­tissent le champ. Nacelle déchargée, toile déployée, vrom­bis­se­ment des ventilos, hurle­ment de la flamme… Le ballet est bien orchestré. La mont­gol­fière s’étire lente­ment pour gagner enfin la posi­tion verticale.

La nacelle se détache de son ombre. Nous flottons !

L'Yonne, sur la terre comme au ciel - France montgolfière en pleine préparation
L'Yonne, sur la terre comme au ciel - Tous dans la nasselle
L'Yonne, sur la terre comme au ciel - Survol des environs de Vézelay

Le livre d’un voyage exotique en France

Peut-on faire un voyage exotique dans son propre pays ? Pour y répondre, j’ai traversé la France à pied à travers la diago­nale du vide.

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Commentaires

Bonjour Mathieu,
tes photos sont superbes!! Merci !
peux tu me dire avec quel appa­reil tu les prend ? As tu un réflèxe (c’est lourd en voyage)? Auquel cas quel boitier et quels objec­tifs ? Sinon, quel petit appa­reil portable ?
Merci de ta réponse.
Celine

Hello Céline !
Merci beau­coup pour le compli­ment 🙂 Pour répondre à ta ques­tion, j’uti­lise un réflex Pentax K‑5 et les objec­tifs 15mm da f4 limited(eq.24mm), 24mm f2.8 smc(eq.35mm) et 77mm fa F1.8 limited (eq.100mm). C’est un ensemble qui convient à mes besoins de photo en voyage : boîtier ultra costaud, tropi­ca­lisé, stabi­lisé, de petite taille et bon jusqu’à 3200 Iso. Optiques toutes petites (donc discrètes), légères et lumi­neuses, qui me permettent de faire face à à peu près tous les cas de figure.
Ce sont mes besoins à moi : discré­tion, robus­tesse et encom­bre­ment minimum.
Sans oublier une étape essen­tielle : je passe aussi du temps à déve­lopper mes photos sur Lightroom !
Merci d’être passé par ici 🙂

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